Aux Pays-Bas, les Blancs ont deux fois plus de chances d’être reçus en entretien d’embauche

Ingrid Falquy

En postulant via Internet, une personne issue d’une minorité ethnique a deux fois moins de chances d’être sélectionnée qu’un natif des Pays-Bas, selon une étude du Ministère des Affaires sociales.

Pas moins de 1 700 faux CV ont été postés sur des jobboards néerlandais pour le prouver. Aux Pays-Bas, les chercheurs d’emploi autochtones ont deux fois plus de chances d’être appelés pour un entretien d’embauche que les personnes issues d’une minorité. C’est le Ministère des Affaires sociales qui a mené l’étude, en créant des faux profils et en observant combien de fois ils étaient consultés, et à quelle fréquence les candidats étaient appelés. Résultat : l’origine et l’âge sont bien des critères discriminants.

Une campagne nationale contre les discriminations

Pourtant, le pays est composé à plus de 20 % d’une population dite allochtone, avec une forte immigration turque, marocaine et indonésienne. Selon le ministre Lodewijk Asscher, la discrimination à l’embauche est « l’un des problèmes les plus délicats à résoudre ». Son cabinet a lancé le 2 septembre une campagne publique sur ce thème. Sur les panneaux publicitaires, les arrêts de bus et des vidéos disponibles sur Internet, les citoyens sont appelés à "tirer un trait" sur la discrimination. Il est aussi rappelé que celle-ci est illégale.

En France aussi, la discrimination à l’embauche a la vie dure

Il n’y a pas qu’au pays des tulipes que les immigrés et enfants d’immigrés ont moins de chances sur le marché de l’emploi. En février 2015, une étude de l’Ifop montrait que les Français non-Blancs ressentaient leurs origines étrangères comme un handicap lors de leurs recherches. Les gouvernements successifs tâtonnent pour tenter de trouver des solutions. Par exemple, le CV anonyme devait être généralisé en 2006. Cela n’a jamais été effectif.

En mai 2015, le ministre du Travail François Rebsamen annonçait une série de mesures, dont la création de "référents égalité des chances" dans les entreprises de moins de 300 salariés ou le lancement d’une campagne de "testing" à l’automne. Si l’impact de ces mesures n’a pas encore été mesuré, on peut imaginer que sa successeur, Myriam El Khomri, militante de la lutte contre les discriminations lors de son passage au secrétariat d’État à la ville, prendra le problème à bras le corps.

Ingrid Falquy
Ingrid Falquy

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