À chaque pays ses problèmes de bureaux

Elodie Buzaud

L’observatoire Actineo de la qualité de vie au bureau vient de publier une étude (1) qui compare nos espaces de travail à ceux de nos voisins européens. Si la tendance générale est au décloisonnement, tous les salariés ne le vivent pas de la même manière, selon les pays.

Français et Allemands : à bureaux similaires, satisfaction différente

Les bureaux français et allemands évoluent sensiblement de la même manière. Des deux côtés du Rhin, 55 % des salariés travaillent en open space. Autre point commun entre les deux pays : les bureaux individuels font de la résistance. 36 % des salariés allemands en ont un, 33 % des Français, alors qu’aux Pays-Bas, ils ne sont que 17 % dans ce cas. Pourtant, si 88 % des salariés allemands se disent satisfait de leur bureau, ils ne sont que 78 % dans ce cas en France ! « L’insatisfaction française n’a rien de très surprenant, nuance Alain d’Iribarne, directeur de recherche au CNRS et président du conseil scientifique d’Actineo, en référence au caractère râleur typique des Français. Ils préfèrent les bureaux individuels fermés. Mais ce qui créé le mécontentement, c’est le passage d’un espace fermé à un espace ouvert. » Et en France, on est en pleine transformation. En 2013, la part de bureaux persos a diminué de 3 %, au profit de celle des open space qui a progressé d’autant.

 

Lire : Disparition des bureaux attitrés : comment ces cadres ont-ils vécu le changement ?

Les Anglais, plus souvent en open space, ne se plaignent pas du bruit

Le Royaume-Uni est le royaume de l’open space. 73 % des salariés y travaillent. 37 % ont même des espaces de réunions ouverts, sans cloison, ni isolation sonore, donc. Pourtant, 84 % se disent tout à fait satisfaits du bruit dans leur espace de travail. « Dans le bruit, on distingue deux notions, précise Alain d’Iribarne, le son des équipements (machines, téléphones, etc.) et le bruit social (conversation, bavardages, etc.). En France, c’est le second qui pose problème (52 % se disent perturbés par les nuisances sonores des autres, ndlr). » Les salariés britanniques seraient-ils moins socialement bruyants que leurs homologues outre-Manche ? Seraient plus civilisés en open space ? « Ils y sont plus habitués, explique le spécialiste, car en Angleterre, le phénomène du bureau collectif est bien plus ancré qu’en France, et depuis plus longtemps. » À croire qu’on s’y fait : 88 % des Anglais sont satisfaits des possibilités de travail individuel que leur offre leur bureau.

91 % des Néerlandais satisfaits de leurs bureaux, pourtant, 17 % n’en ont pas

Aux Pays-Bas, le collectif a pris le pas sur l’individuel au travail, si bien que 66 % des salariés travaillent en open space et 17 % en desk-sharing. Autrement dit, ils n’ont pas de bureau attitré. Si la pratique fait peur en France, elle se développe chez nos voisins européens plus avancés que nous en matière de bureaux, accompagnée par l’apparition de coins café, espaces de réunion, lieux de partage informel, de convivialité ou salles de repos. « Et c’est à croire qu’ils ont raison », ajoute le spécialiste. 27 % des salariés néerlandais se disent très satisfaits de leurs bureaux, contre seulement 13 % de Français.

Les priorités au bureau selon les pays

Dans les 5 pays étudiés, les relations avec ses collègues et l'espace dont on dispose pour travailler constituent les éléments les plus importants. Après, les préoccupations diffèrent.  

Pays-Bas : la température ambiante et la possibilité de s'isoler. 

France : l’aménagement du bureau et la possibilité de s'y détendre. 

Allemagne : l'agencement du lieu de travail et le fait d'avoir des espaces détente.

Suède : le bruit, la qualité de l'air intérieur, l'éclairage et la possibilité de se restaurer sur place.

Royaume-Uni : l’éclairage, la qualité de l'air intérieur, l’aménagement du bureau et la possibilité de s'isoler. 

Espagne : l’aménagement et les lieux d'intimité.

 

(1)   L’espace de travail en Europe, enquête réalisée par Actineo (groupement de 17 membres de l’Union nationale des industries françaises de l’ameublement associés à Linak et Philips) et l'institut CSA auprès de 2 500 salariés des secteurs publics et privés travaillant dans un bureau. Elle a été publiée le 4 novembre 2014.  

Pour aller plus loin :

Entre maison et bureau : le tiers lieu pour travailler mieux

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Elodie Buzaud
Elodie Buzaud

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.

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