« Et la confiance bordel ? » s’attaque à la méfiance des cadres en entreprise

Michel Holtz

Un ouvrage tire la sonnette d’alarme sur la défiance généralisée qui sévit entre les salariés dans les entreprises françaises.

C’est plus qu’un livre, c’est un manifeste, lancé par l’institut Montaigne et le réseau de femmes cadres Financi’Elles. Le think tank libéral s’est allié à ce club, qui regroupe des femmes cadres de la finance, pour s’attaquer à la défiance régnante dans les entreprises françaises. L’ouvrage, intitulé « Et la confiance, bordel ? », à paraître le 28 août prochain, fait le point sur ce lien défait, voire la paranoïa, observée dans les boîtes, entre les salariés, leurs managers et les dirigeants.

Les cadres doutent de leurs entreprises

«L’idée nous est venue d’un sondage réalisé pour le compte du réseau, se souvient Alexia de Monterno, directrice adjointe de l’Institut Montaigne, dont le résultat était plutôt alarmiste : 59 % des 15 000 femmes interrogées n’ont pas confiance dans les perspectives de carrière offertes par leur entreprise. Pourtant, ce sont toutes des cadres qui travaillent dans de grands groupes ». Elle a donc réuni une trentaine de contributeurs, sociologues, économistes, entrepreneurs, DRH, consultants et mêmes médecins pour cet ouvrage collectif. Sans pour autant désigner de coupable. « La défiance est générale. Elle a d’abord touché les pouvoirs publics et politiques, et aujourd’hui l’entreprise. » Un effet que la fameuse génération Y a amplifié. « Ces jeunes ont vu leurs parents, qui avaient confiance en l’entreprise, se faire maltraitée par elle. Aujourd’hui beaucoup plus distanciés que leurs ainés ». Une distance qu’il faut corriger, d’après les auteurs.

La fin des syndicats et de l’emploi à la papa ?

Il y est beaucoup question de « participation », de « reconnaissance », de « mixité » de « liberté » et de « bien-être ». L’ouvrage propose aussi d’en finir avec le dialogue social à la papa. De quoi froisser quelques susceptibilités. « Les syndicats ne se trouvent plus être les seuls interlocuteurs de la direction » écrivent les auteurs. Leur rôle de porte-voix des salariés est déstabilisé par les corps sociaux émergents, dont les prises de paroles s’invitent dans les débats internes. » Ils pensent notamment aux réseaux (comme Financi’Elles) et à tous les clubs nés dans les entreprises. Le livre s’attaque aussi au bon vieil emploi à vie, à l’emploi garanti. En lieu et place, il préconise plutôt de développer l’employabilité des collaborateurs. Une manière de les prévenir que la confiance n’empêche pas la lucidité et la séparation ?

Et la confiance, bordel ? aux éditions Eyrolles – 20 euros – Parution le 28 août

Pour aller plus loin :

Pas assez payés, considérés, écoutés… les cadres vont-ils se rebeller ?

Le « silence des cadres » ou le cri étouffé du middle management  

Michel Holtz © Cadremploi

Michel Holtz
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