La Suisse en manque de cadres

Michel Holtz

Au pays des quatre cantons, 33 % des patrons se plaignent d’une pénurie de candidats. Notamment de cadres et de dirigeants…

Même l’opulence a son revers. Il en va ainsi en Suisse. Le pays où tout va bien, où le chômage ne dépasse pas 2,9 % et où les salaires sont parmi les plus élevés d’Europe manque de bras. C’est l’antenne locale de Manpower qui l’affirme dans sa dernière étude, après avoir interrogé 752 entreprises helvétiques. 33 % d’entre elles se plaignent d’une pénurie de candidats. Et, notamment de cadres. Ces derniers occupent, avec les cadres dirigeants, la deuxième position des profils les plus recherchés du pays helvétique, juste derrière les ouvriers qualifiés, pour la deuxième année consécutive.

Des postes vacants dans les fonctions financières, la comptabilité et le commercial

Pourquoi une telle pénurie ? « Ce n’est pas un problème de formation initiale, soutient Séverine Liardon, porte-parole du spécialiste de l’intérim en charge de cette étude. La suisse est réputée pour ses grandes écoles et sa formation en alternance ». Pour elle, c’est plutôt le vieillissement de la population qui est en cause. Sans compter les entreprises étrangères qui recrutent directement les étudiants suisses à leur sortie d’école. Résultat : de nombreux postes restent vacants, notamment dans les fonctions financières, la comptabilité et le commercial. Des postes qui pourraient bien intéresser les cols blancs français en manque d’air pur et de salaires élevés : en Suisse, le salaire annuel moyen annuel d’un cadre atteint 97 800 euros, contre 54 100 euros en France (chiffre Apec).

97 800 euros de salaire annuel

Encore faudrait-il que le pays soit ouvert aux candidatures étrangères... Or, contrairement à l'Allemagne, qui a mis en place des programmes pour attirer les compétences extérieures, les Suisses viennent de réclamer un durcissement de leur politique d'immigration, par référendum, le 9 février dernier. Une initiative populaire loin d’être approuvée par le gouvernement fédéral et l’union patronale suisse. Pour l’instant, la libre circulation des personnes issues des pays de l’Union, signé par la Suisse en 2002, est toujours en vigueur. « Elle permet aux étrangers de bénéficier des mêmes conditions que les travailleurs suisses » rappelle Séverine Liardon. Un permis de travail - une formalité après la signature d’un contrat de travail local - est simplement exigé. Jusqu’à quand ? Nul ne le sait. Même si le gouvernement rechigne à dénoncer les accords avec Bruxelles, les spécialistes du droit constitutionnel helvétique ne voient pas d’autre issue. Les dirigeants du pays sont d’ailleurs convoqués à Bruxelles dès la semaine prochaine à ce sujet. Reste l’espoir d’un compromis.

Michel Holtz © Cadremploi

Michel Holtz
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