Le bobard en entretien ne choque pas les jeunes dip'

Nathalie Alonso

Mentir en entretien d’embauche ? Tout de suite les grands mots. Disons que, pour les jeunes diplômés qui débarquent sur un marché de l’emploi tendu, un certain « manque de transparence » face à un recruteur s’apparente plutôt à « une stratégie ». C’est ce qu’ont répondu, décomplexés, 64 % des bac+5 interrogés par l’ESSEC et Mannheim Executive MBA et l’association Café de l’Avenir dans le cadre d’une étude originale sur « la transparence en entretien d’embauche », dévoilée lundi.

Pour 58 % du panel (quelques 259 jeunes ont été interrogés), le fait de mentir ou d’être évasif en entretien serait même quelque chose de « normal ». Mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas sur la question des langues pratiquées, de l’expérience ni même du diplôme que les jeunes tentent d’arrondir les angles. Pas fous : 74% d’entre eux pèsent le risque qu’entraînerait une telle attitude à moyen terme.

Flou sur les questions salariales

Ces candidats entretiennent plutôt le flou sur la question des prétentions salariales : « Pour eux, cela fait partie d’une sorte de jeu théâtral, d’une partie de cache-cache entre le candidat et le recruteur qui n’a qu’un seul but : mieux négocier », analyse Grégoire Lagabe, étudiant de l’ESSEC et Mannheim Executive MBA et coordinateur de l’étude.

L’étude présentée à l’ESSEC souligne également un gap en fonction du diplôme : les candidats issus des grandes écoles se déclarent plus transparents et davantage fixés quant à leur projet professionnel. A contrario, « sachant moins bien ce qu’ils recherchent exactement, les universitaires sont moins transparents sur leur évolution de carrière. Cela nuit à l’efficacité de leur recherche d’emploi », avancent les auteurs de l’étude.

Finalement, à en croire leurs déclarations, on pourrait même juger les jeunes dip’ plutôt sages : pour 65 % des interviewés, être transparent devant son futur patron est « une question de clarté et d’honnêteté ». Plus précisément, le fait de « ne pas mentir », de « ne pas surévaluer ses compétences (56 %) », d’« avoir un discours clair et maîtrisé » (55 %) et de « ne pas omettre des éléments importants pour le poste » est jugé important.

Nathalie Alonso © Cadremploi.fr

Les recruteurs pointés du doigt

A qui la faute ? Les jeunes dip’ interrogés par l’ESSEC et Mannheim Executive MBA expliquent leur manque, relatif, de transparence en entretien d’embauche… par celui des recruteurs. Les sondés jugent ces derniers opaques sur les langues étrangères requises (84 %) mais aussi sur l’expérience professionnelle (74 %) et la formation demandée (73 %).

Environ la moitié estime également peu clair leurs discours sur la quantité/ nature/fréquence des déplacements et, dans une même proportion, ils jugent flou ce qu’on peut leur raconter sur la rémunération et « autres avantages » du poste proposé. Seulement 46 % des jeunes considèrent que le recruteur est « plutôt transparent ».

B. A.

Nathalie Alonso
Nathalie Alonso

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