Pourquoi 120 entreprises invitent-elles les députés en stage d'été ?

Michel Holtz

Nombre d’étudiants s’apprêtent à partir en stage d’entreprise. Mais cet été ils ne seront pas seuls. L’association Entreprise & Progrès vient de proposer aux 577 députés français d’en faire autant pendant leur pause parlementaire.

Cette invitation au programme "Moi parlementaire, une semaine dans les pas d'un PDG" ne durera donc que quelques jours. « Le temps d’effectuer un parcours de découverte, précise Max de Chantérac, attaché à la direction générale de L’Oréal et vice-président de l’association Entreprise & Progrès. Mais attention, ce n’est pas "Vis ma vie en entreprise". C’est un partage d’expérience ». Motif de cette invitation : un constat. Seuls 10 % des députés ont une expérience du privé. Les deux mondes s’ignorent au mieux et nourrissent quelque animosité au pire. Alors les parlementaires vont partir en territoire inconnu pendant quelques jours. « Ou plus, c’est à la carte. Ils pourront assister à des réunions, voir comment fonctionnent les unités opérationnelles, les services RH, le département financier. ». Et si Max de Chantérac sera le tuteur du député en stage chez L’Oréal, dans les PME, et elles sont nombreuses parmi les 120 boîtes candidates, le PDG coachera lui-même l’homme politique.

Sur les bancs de l’Assemblée, les députés contactés par l’Association voient en tous cas d’un bon œil cette initiative. Mais lorsque l’on invite un député au sein de l’entreprise, et qu’on le garde sous le coude une semaine entière, n’est-on pas tenté d’exercer un lobbying frénétique ? « Surtout pas, s’emporte l’attaché à la direction générale. Chacun reste à sa place. C’est une découverte mutuelle de l’autre et de ses activités ». De là à pratiquer l’échange inverse, à inviter les dirigeants d’entreprise à passer une semaine à l’Assemblée pour découvrir les arcanes du pouvoir politique, c’est un pas qui n’est pas encore franchi. « Mais nous n’y sommes pas du tout opposés. » Car si les hommes politiques voient les chefs d'entreprise comme des extraterrestres, ces derniers considèrent souvent que les élus sont des aliens.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

Michel Holtz
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