Les DRH français se rabattent sur les recrutements externes faute de candidats en interne

Michel Holtz

Les recrutements externes coûtent cher et certains talents sont rares sur le marché. Alors pourquoi les DRH ne recourent-ils pas plus souvent à la promotion interne pour pourvoir leurs postes vacants ? Une récente étude européenne explique les freins aux recrutements internes. En France, c’est le manque de candidats qui pêche.

On en venait à douter des DRH. Du moins de ceux qui laissaient leurs talents s’en aller voir ailleurs, et se plaignaient, dans la foulée d’avoir du mal à en recruter d’autres. Mais d’après une récente étude sur "les défis du recrutement interne en Europe" (1), les professionnels des ressources humaines auraient pris conscience du gâchis. Et le recrutement à l’interne devient enfin leur priorité, pour 77% d’entre eux en tout cas. Leur priorité… mais pas encore une réalité puisque sur l’ensemble du panel, les recrutements externes restent majoritaires au détriment du vivier interne. Sans surprise, les championnes de la promotion interne restent les grandes entreprises de plus de 100 000 salariés qui réussissent à pourvoir 75% de leurs postes via la promotion interne. La France est plutôt bonne élève puisque 46% des entreprises hexagonales réussissent à recourir à l’interne pour  30% de leurs postes vacants. Mais seuls 5% des postes de cadres supérieurs le sont par cette voie.

Les freins aux recrutements internes

Mais alors pourquoi les entreprises ne recourent-elles pas davantage à la promotion interne ? Quels sont les freins ? « Ils sont d’ordre culturel », indique l’étude, donc diffèrent selon les pays. Pour 60 % des DRH français, le nombre limité de candidats potentiels est le principal obstacle au recrutement interne. Pour qu’ils soient plus nombreux, l’étude préconise des actions plus volontaristes de la part des RH afin d’inciter davantage les salariés à postuler d’eux-mêmes, sans attendre d’être proposé par leur N+1. Les Allemands et les Italiens, quant à eux, sont avant tout freinés par la peur de perdre leurs meilleurs éléments, tandis que les Britanniques craignent d’abord un manque de diversité de leurs équipes.

Le double bénéfice du recours à l’interne

Pourquoi ce soudain intérêt pour ses propres salariés au détriment des candidats extérieurs ? Evidemment, 88% des DRH français interrogés expliquent qu’ils pensent au « développement individuel des collaborateurs ». Mais derrière cet altruisme forcené, ils sont tout de même 82% à avouer recourir au recrutement interne pour conserver leurs talents. Ce qui réjouit Jean-Christophe Sciberras. « Le recrutement interne est doublement bénéfique, puisque c’est une manière de motiver les collaborateurs, et c’est économiquement performant ». Car remplacer un collaborateur déçu de ne pas progresser et qui s’en va, coûte cher. Mais pour le DRH de Solvay, cette victoire de l’interne contre l’externe n’est pas tant celle des DRH que des managers opérationnels. « C’est une maturation des relations entre ces derniers et les responsables RH. » Les managers demanderaient un renforcement de la promotion interne depuis des lustres et ils semblent enfin avoir été entendus.

(1) Enquête réalisée par Cornerstone OnDemand (un cloud dédié à la gestion des talents) en partenariat avec l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines) au cours du mois de mars 2014, auprès de 363 entreprises en Europe (France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni), dont 93 en France. 40% d'entre elles comptent moins de 500 salariés.

Michel Holtz
Michel Holtz

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