Les entreprises qui aiment les candidats en reconversion

Elodie Buzaud

Pas facile de se reconvertir…Mais certaines entreprises sont plus ouvertes aux profils en reconversion que d’autres. À travers des actions concrètes, elles recrutent des candidats venant d’horizon différents.

62 % des entreprises disent avoir déjà recruté des candidats en reconversion, selon un sondage* publié en 2013. Sur la dizaine d’entreprises sollicitées dans le cadre de notre enquête, elles sont pourtant rares à avoir répondu par l’affirmative. Pour les trouver, il faut chercher du côté des secteurs en pénurie de main d’œuvre. Comme l’industrie, le commerce, ou l’informatique.

Une ouverture dans les secteurs en pénurie de cadres

Par exemple, l’entreprise de services du numérique parisienne NSIS (250 salariés) recrute entre 50 et 100 jeunes cadres (moins d’1 an d’expérience) ou jeunes diplômés de cursus scientifiques universitaires, par an. Elle les forme et leur confie des postes d’ingénieurs études et développement. Les contrats proposés sont des CDI. Ils commencent par une formation (rémunérée) de 6 à 8  semaines, en interne. « On palie à un manque de formation, nous explique l’assistante de direction chez NSIS, car les technologies dites mainframe, celles des ordinateurs à grande puissance de traitement toujours utilisées par nos clients, ne sont plus enseignées à l’école et les spécialistes de ces technos commencent à partir à la retraite. »

Des entreprises engagées en faveur de la diversité

Si vous cherchez un poste dans un secteur dans lequel vous n’avez pas d’expérience, regardez aussi du côté des entreprises engagées en faveur de la diversité. Si les 3 335 signataires françaises de la Charte de la diversité ne recrutent pas forcément des candidats en reconversion, elles sont plus à même d’être ouvertes à ce type de profils atypiques. C’est le cas d’Axa France. Le groupe d’assurance recrute des candidats venus d’autres horizons que l’assurance, via le programme Phénix.

Le programme Phénix, pour jeunes diplômés prêts à se reconvertir

À travers cette opération, lancée en 2007, 13 grandes entreprises**, s’engagent à ouvrir des postes à des jeunes diplômés de Master 2 recherche en lettres, sciences humaines et sciences. Ils sont recrutés en CDI, avec une première année en contrat de professionnalisation pendant laquelle ils suivent un Master 2 "Métiers de l’entreprise", en alternance, à la Sorbonne. « En 2007, on a embauché un recruteur issu d’une formation en sport (STAPS), il est aujourd’hui consultant en conduite du changement ; l’année dernière, on a recruté en tant que chef de produit dépendance une jeune femme qui avait suivi un cursus et un début de parcours en relations publiques ; et cette année, on ouvre 3 postes, dans le cadre de l’opération Phénix, détaille Muriel Nicou, un souscripteur, un consultant en conduite du changement et un troisième poste de data scientist. » Outre la volonté de coller à sa politique de diversité, Axa s’intéresse à ces profils car « ils sont plus autonomes que les diplômés de grandes écoles, ce qui colle avec nos modes de travail de plus en plus agiles », explique Muriel Nicou, responsable du recrutement d’Axa France.

 

Comment postuler dans un secteur dans lequel on n’a pas d’expérience ?

Après avoir identifié les secteurs et les entreprises les plus à mêmes d’être sensibles à votre profil "atypique", il va falloir les convaincre que vous pouvez leur apporter quelque chose. En valorisant vos "compétences transférables", ces compétences qui peuvent être utiles dans le secteur ou pour le poste visé. C’est ce qu’a fait Sybille. « Nous l’avons recruté en 2013, en CDI, pour un poste de chef de projet en ingénierie déploiement, alors qu’elle n’avait jamais travaillé dans le secteur de l’assurance, raconte Muriel Nicou, responsable du recrutement d’Axa France. Mais elle avait occupé un poste d’ingénieur commercial expert chez Oberthur, (spécialisé dans la fabrication de cartes à puces), et avait des compétences transférables dans notre secteur qu’elle a su mettre en avant dans sa candidature. Nous recevons 60 000 candidatures spontanées par an. Quand un candidat a un profil atypique, cela pique notre curiosité quand il arrive à démontrer qu’il possède des compétences utiles pour le poste, cela donne envie de le convoquer en entretien », conclut Muriel Nicou.

 

*sondage réalisé auprès de 993 chefs d’entreprises et DRH en 2013 par Opinion Way pour le Conseil d’Orientation pour l’Emploi (COE).

** AXA, Helpline, HSBC, Coca-Cola, L’Oréal, La Bred, Leroy-Merlin, PwC, la Marine Nationale, Vinci, Ipsos, Sisley et la Banque Accord.

Elodie Buzaud
Elodie Buzaud

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.

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