Les hommes peuvent porter des boucles d'oreilles au travail

Nathalie Alonso

Venir travailler en jean, avec un piercing au nez et une barbe de 7 jours, ça ne passe vraiment pas auprès de votre patron. Il exagère ? Peut-être bien. La justice vient de nous donner une « leçon de look », en rappelant qu'un homme a le droit de porter des boucles d'oreilles au travail si ça lui chante.

L'histoire, rapportée par l'AFP vendredi, est celle d'un chef de rang de restaurant gastronomique, qui a été licencié après avoir décidé de porter ce type de bijoux. Du point de vue de l'entreprise, « la clientèle chic, attirée par la réputation de l'établissement, ne pouvait pas être servie par un homme portant de tels bijoux de femme ».

Mais l'argument qui a été jugé discriminatoire par la Cour de la Cassation (Cass. Soc, 11.1.2012, N° 177) au motif que « la sanction est basée sur l'apparence physique et sexiste ». « L'employeur peut apporter des restrictions sur la tenue de son salarié, s'il juge que c'est dans l'intérêt de l'entreprise [ou de la sécurité, NDLR]. Elles doivent cependant être proportionnées eu égard à la fonction et au secteur d'activité du salarié », précise Cécile Martin, avocate en droit social chez Proskauer Rose, qui évoque les articles L. 1121-1 et L. 1132-1 du Code du travail.

Selon elle, la justice est régulièrement amenée à juger du dress code des salariés. « Dans une affaire, un salarié dans les télécoms avait été licencié parce qu'il venait au travail en bermuda. Même s'il enfilait une blouse par-dessus, une telle tenue a été considérée comme incompatible avec ses fonctions et conditions de travail et la justice a donné raison à son employeur », relate l'avocate.

A contrario, dit-elle, le conseiller bancaire aux cheveux longs a droit à plus d'indulgence : « L'entreprise ne doit pas pousser à l'extrême l'obligation d'image de l'entreprise. Du moment où la coiffure du salarié reste acceptable, le trouble manifeste pour l'entreprise est difficile à établir. »

On l'aura compris, on peut se lâcher côté look mais point trop n'en faut. « Un tribunal a considéré que le licenciement d'une jeune ingénieure qui se présentait en jean devant un client était sans cause réelle et sérieuse », ajoute l'avocate, qui s'amuse : « Mais si le jean avait été troué, qui sait ? ». Bref, restons décents.

Nathalie Alonso © Cadremploi.fr

Nathalie Alonso
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