Inquiétant. Depuis le début de l’année 2014, de plus en plus de cadres se plaignent d’être mis au placard par leur employeur. L’Institut du salarié, qui a conseillé et accompagné 150 à 200 salariés en difficulté depuis 2 ans, a enregistré davantage de plaintes de mise à l'écart arbitraire au cours de ces 6 derniers mois par rapport à toute l’année dernière : 23 dossiers depuis le mois de janvier, rien qu’en Ile-de-France, contre 16 en 2013.
De la diminution des fonctions à la rupture conventionnelle
Une recrudescence corrélée à la violence des procédés utilisés. « On leur ôte leurs tâches, leurs missions, leurs responsabilités. Sur une période très courte, de 1 à 3 mois, on ne les invite plus aux réunions, on réduit leur équipe, illustre Sophie Aubard, cofondatrice de l’Institut du salarié et ex-DRH. Puis, on les convoque à un rendez-vous prétexte, comme un entretien annuel d’évaluation, et là, on leur impose une rupture conventionnelle, avec peu d’indemnités. »
Les raisons économiques en jeu
La faute au contexte économique morose, selon Sophie Aubard : « Les entreprises sont pressées ». Elles utilisent leurs effectifs comme variable d’ajustement de la masse salariale. La rupture conventionnelle a trois avantages : elle est moins chère pour l’entreprise que le licenciement économique, ne l’empêche pas de recruter à nouveau, et surtout, a meilleure presse.
Des cadres émotionnellement affectés
Pour les cadres concernés, les conséquences sont désastreuses : perte de confiance en soi, de repères, etc. « Certains n’osent même pas le dire à leur famille tant ils ont honte, raconte Sophie Arnaud. Des hommes de 55 ans pleurent en venant nous voir. » Moyennant 420 euros, plus 12 % de l’indemnité qu’ils auront réussi à négocier, « les cadres placardisés réussissent à récupérer un mois de salaire par année d’ancienneté, en plus de leur indemnité légale (de licenciement ou de rupture conventionnelle) », se félicite Sophie Aubard.
Pour aller plus loin : Les 5 signes avant-coureurs d’une mise au placard
Elodie Buzaud © Cadremploi
Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.