Pourquoi rester assis à son bureau rend bête

Quentin Velluet

Au bureau comme ailleurs, notre concentration dépend de notre environnement. Voici quelques conseils pour utiliser au mieux votre espace de travail afin d’augmenter votre efficacité.
Pourquoi rester assis à son bureau rend bête

Vos collègues sont lancés dans une conversation interminable à deux mètres de votre bureau, vous rêvassez, vous relisez dix fois la même phrase ? Il est temps de faire une pause ! Mais votre espace de travail vous permet-il de vous changer les idées ? Selon une étude publiée par Steelcase en 2015, 39 % des Français déclarent ne pas disposer d’endroits pour se concentrer au bureau et seulement 5 %* d’entre eux se disent à la fois fortement engagés et très satisfaits de leur espace de travail. L’open space devenant la norme, c’est aussi au salarié d’être malin et de savoir exploiter son bureau, bien aménagé ou non, pour optimiser son efficacité. Le tout est de savoir comment.

Savoir comment vous fonctionnez

La nature a enseigné à l’homme qu’il devait s’adapter à son environnement et l’histoire se répète pour le salarié. La recherche en neurosciences a révélé que notre cerveau fonctionne selon cinq modes de travail : la concentration, l’apprentissage, la socialisation, la collaboration et la régénération. Par exemple, un travail individuel convoque la concentration ; une réunion, l’apprentissage et un brainstorming, la collaboration. À partir de cela, il  est possible de choisir au bon moment, l’endroit ou l’ambiance propice à son efficacité. D’autant que certains modes dépendent d’un autre : pour être mieux concentré, nous avons par exemple besoin de nous régénérer en faisant une pause.

Introverti ou extraverti ?

Durant celle-ci, certains rechargent leurs batteries avec un moment de socialisation. Ils sont considérés comme des extravertis, explique Susan Cain, avocate américaine dans son livre La Force des discrets. Ils se régénèrent et stimulent leur créativité au contact des autres. Dans l’entreprise, leurs lieux fétiches sont la cafétéria, la machine à café ou tout environnement bruyant et vivant. À

l’inverse, « les introvertis cherchent à s’extraire de leur environnement par le repli », explique Marine Boucher, responsable communication et identité de Steelcase. S’ils ne sont pas complètement sauvages, ces derniers ont besoin au minimum de moments d’intimité psychologique, car ils sont plus créatifs lorsqu’ils sont isolés. Certes il est difficile de le faire en open space et les entreprises proposant des salles de repos sont encore rares. La solution ? Se rendre par exemple hors des horaires de pointes dans une salle réservée au déjeuner ou utiliser une salle de réunion inoccupée.

Connaître votre mémoire

Notre environnement de travail influe également sur la façon dont nous assimilons les informations. « L’apprentissage pâtit d’une vision traditionnelle de l’école où l’on nous apprend que la première règle est d’écouter sans bouger », regrette Marine Boucher. Or la mémoire ne se résume pas seulement à la concentration et l’écoute. Elle peut être visuelle, auditive ou kinesthésique (c’est-à-dire fonctionner selon la perception des mouvements de son propre corps). C’est pourquoi il est essentiel de ne jamais s’enchaîner dans une routine. Selon la responsable Steelcase, il faut alterner les modes d’apprentissage : en réunion plénière dans une salle de conférence ou en sous-groupe autour d’une table dans des salles plus intimes par exemple.

Déculpabiliser la pause

L’alternance est aussi primordiale en matière de posture de travail. « La position assise est une posture qui tue », lance Marine Boucher, un brin provocatrice. Il est vrai que plusieurs études médicales ont prouvé qu’être trop souvent assis, ralentit la consommation de sucre et la circulation sanguine. Conséquence, cela peut augmenter le risque de diabète et d’hypertension. « Au travail, il faut permettre au corps le mouvement pour actionner le flux sanguin et réveiller le cognitif », assure la responsable de Steelcase. Les remèdes sont simples : sortez faire un tour au moment du déjeuner, faites vos réunions debout ou marchez pendant vos pauses.

En France, mais pas seulement, la pause est associée à la paresse et considérée comme une perte de temps ou un manque de productivité. « Elle est pourtant un moment de liberté où le cerveau s’aère et le corps se détend, ce qui est favorable aux idées neuves », remarque Marine Boucher. Le tout est de faire en sorte de se sentir bien dans chaque mode de travail, car « si l’on n’est pas à l’aise dans son environnement de travail, on devient bête », conclut-elle.

*Étude Ipsos pour Steelcase, L’engagement et l’espace de travail dans le monde, Février 2016.

Quentin Velluet
Quentin Velluet

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