Quand les femmes portent plainte pour discrimination salariale

Elodie Buzaud

Si les femmes gagnent en moyenne 27 % de moins que les hommes en France, celles qui osent porter plainte pour discrimination salariale se comptent sur les doigts des deux mains. L’économiste Rachel Silvera s’est intéressée à leurs histoires. Elle les raconte dans son livre, "Un quart en moins", primé meilleur ouvrage sur le monde du travail 2015.

Nicole était analyste financière dans une grande banque. Valérie, responsable logistique dans une entreprise de fabrication de matériel aéroportuaire. Toutes deux ont eu le malheur de vouloir fonder une famille et se sont retrouvées placardisées et bien moins payées que leurs homologues masculins. Elles ont osé porter plainte pour discrimination salariale contre leur employeur, et finalement eu gain de cause. C’est leur combat, comme celui d’une dizaine d’autres femmes, que raconte l’économiste Rachel Silvera dans son livre, Un quart en moins (éd. La Découverte, 2014), qui lui a valu le prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail de l’année, le 3 février 2015.

Une méthode de calcul qui commence à être reconnue

Pour faire reconnaître leur préjudice devant les tribunaux, ces femmes ont un point commun : elles ont utilisé la "méthode Clerc". « Le principe est simple, explique Rachel Silvera, on choisit des salariés qui ont le même profil que la personne jugée discriminée et on compare leur salaire sur une période donnée. » Nicole a ainsi touché plus de 340 000 euros de préjudice au total, à la fois pour son licenciement et discrimination de salaire.

Une prise de conscience souvent tardive

Grâce à ces affaires, qui font jurisprudence, « on commence à avoir beaucoup d’éléments pour démontrer que globalement, on a tendance à dévaloriser le travail des femmes », constate Rachel Silvera. Mais la différence de traitement entre hommes et femmes s’installe au cours d’une carrière et passe souvent quasi-inaperçue. Sur l’ensemble des saisines recensées auprès du Défenseur des droits en 2014 sur le travail, seules 3,3 % concernent des plaintes pour discrimination salariale.

Pour aller plus loin : Un salaire égal pour un travail de valeur égale, guide pour une évaluation non discriminante des emplois à prédominance féminine, de Becker M., Lemière S., Silvera R. (2013).

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Elodie Buzaud
Elodie Buzaud

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.

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