83% des cadres ne se sentent pas reconnus dans leur entreprise

Michel Holtz

Les cadres sont parfois pétris de contradictions. Lorsqu’on leur demande si l’ambiance de travail au sein de leur propre entreprise est bonne, 57% d’entre eux répondent positivement. Pas mal par les temps qui courent. Sauf que le Club des entrepreneurs, qui a mené ce sondage (1), leur a posé d’autres questions. Et là, leurs réponses sont beaucoup moins énamourées.

Qui aime bien son entreprise la châtie encore mieux. Ils sont ainsi 51% à reprocher à leur boite de ne pas respecter l’équilibre vie pro – vie perso. L’ambiance au bureau ? Elle s’est dégradée au cours des six derniers mois pour 78% des cols blancs interrogés. 69% d’entre eux sont stressés. Ils sont autant à se plaindre du bruit dans les open spaces. 72% estiment passer trop de temps devant leur écran. L’intérêt des réunions ? Elles sont inutiles… pour 86% des cadres. N’en jetez plus !

Ou plutôt si : une dernière volée de bois vert pour les patrons : 83% de leurs collaborateurs considèrent qu’ils ne reconnaissent pas assez leurs efforts.

Une bouteille à la mer

Les cadres aiment leur boîte donc, mais ils lui trouvent tous les défauts de la terre. Une attitude quelque peu masochiste qui n’étonne guère Guillaume Cairou, le Président du Club des entrepreneurs, et PDG fondateur du groupe Didaxis, qui a dirigé l’étude. « Ces résultats peuvent paraître paradoxaux, mais il n'en est rien. Les cadres nous disent massivement leur mal être dans l'entreprise mais ils ne comptent pas quitter la leur. Ils tiennent à leur entreprise mais s'y sentent de plus en plus mal. » Un sondage en forme d’appel au secours, de bouteille à la mer ? « Ils ont une volonté grandissante d'être davantage associés à la vie de l'entreprise. Ils veulent de plus en plus participer à la prise de décision. »

Le SOS a été mesuré par un Club de dirigeants qui compte 18 500 membres, c’est plutôt pratique. A condition qu’il soit relayé et entendu. Ce dont son président ne doute pas. « Nous sommes avant tout des employeurs. Nous avons donc un grand intérêt à analyser de près ces résultats afin que nos membres puissent définir une politique RH attentive et une politique de recrutement attractive. »

Des politiques salariales à revoir

Et Guillaume Cairou de remettre en cause les politiques salariales. « Si l'individualisation des salaires convient à une majorité de collaborateurs, les critères d'évaluation retenus sont majoritairement jugés flous et peu transparents par les cadres interrogés qui s'estiment globalement mal managés. Il faut y remédier. » Il entend également lutter contre le manque de libertés dont souffrent les cols blancs, notamment en matière de contraintes d’agenda pour réaliser leurs objectifs. Et souhaite lutter plus encore contre le stress. « Même si, dans ce domaine, nos adhérents ont déjà fait un grand pas en avant. » Mais il le reconnaît : « il reste du chemin à parcourir ».

(1) Etude réalisé par questionnaire administré par Internet auprès de 1.812 cadres entre le 3 et le 14 février 2014, selon la méthode des quotas appliquée en fonction de l’âge, du genre, de la taille de l’entreprise, de la région d’appartenance et du secteur d’activité.

Michel Holtz
Michel Holtz

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