Salaires hommes-femmes : les inégalités par fonction ne sont pas celles que vous croyez

Elodie Buzaud

À profil identique (même âge, même poste, même région, même nombre de personnes encadrées, etc.), une femme cadre gagne 8,5 % de moins que son homologue masculin. Un écart qui varie selon les fonctions.

Chez les cadres, les femmes gagnent en moyenne 18,6 % de moins que leurs homologues masculins. 45 520 euros de salaire brut annuel pour Mesdames, contre 53 970 euros pour Messieurs. Un écart qui s’explique en partie par « le fait que les hommes et les femmes cadres ne possèdent pas les mêmes caractéristiques individuelles (âge, formation initiale…), n’occupent pas les mêmes emplois et ne travaillent pas dans les mêmes entreprises », indique l’Apec, dans son étude menée auprès de 14 000 cadres "Les écarts de salaires hommes-femmes, édition 2015" et publiée le 4 mars 2015. Sauf qu’à profil égal (même poste, âge, ancienneté, nombre de personnes encadrées, niveau de diplômes, etc.), une femme à un poste cadre gagne toujours 8,5 % de moins qu’un homme.

La fonction ressources humaines pointée du doigt

Cet écart injustifié varie selon les secteurs. Et les fonctions cadres les plus féminisées ne sont pas les mieux loties en matière d’égalité salariale hommes-femmes. Dans les ressources humaines, où les femmes représentent 67 % des effectifs, elles gagnent 11,3 % de moins que les hommes. « Les femmes sont moins revendicatrices, précise Pierre Lamblin, elles n’aspirent pas aux mêmes évolutions de carrière que les hommes. Ces derniers veulent une ascension rapide, des responsabilités et des augmentations de salaire, alors que les femmes recherchent l’épanouissement personnel, en tout cas jusqu’à 45 ans. »

L’informatique, fonction la moins discriminante

À l’inverse, dans l’informatique, fonction la plus masculinisée, avec seulement 20 % d’effectifs féminins, l’écart de rémunération s’avère le moins élevé de toutes les fonctions étudiées. Une informaticienne gagne 5,5 % de moins qu’un homme. Une différence que Pierre Lamblin, directeur du département Études et Recherches de l’Apec explique par « le jeunisme et le turn-over, plus importants dans cette fonction ». Il faut dire que les écarts de salaires injustifiés progressent avec l’âge : ils sont de 4,2 % entre un homme et une femme de moins de 30 ans, contre 12,5 % chez les 50 ans et plus. « Les politiques RH contre la discrimination commencent également à porter leurs fruits », ajoute le spécialiste.

Encore et toujours : le plafond de verre

La fonction direction générale reste la plus discriminante avec des écarts de 14,1 %. Sûrement parce qu’ « on est directeur général à partir d’un certain âge et d’un certain niveau d’ancienneté », avance Pierre Lamblin. Sans doute aussi parce que les écarts de salaire augmentent avec le nombre de personnes encadrées : quand elles ne managent pas de cadres, elles touchent 9,2 % de moins que les hommes, quand leur équipe est composée de 7 personnes et plus, l’écart atteint un tragique 21 % comparé à leurs homologues masculins.

Fonction

Ecart de salaire injustifié entre hommes et femmes

% de femmes

Informatique

5,5 %

20 %

Communication/création

6,2 %

80 %

Etudes et R&D

6,3 %

25 %

Santé, social et culture

6,4 %

71 %

Services techniques

7 %

30 %

Gestion financière et administrative

9,7 %

56 %

Production industrielle

10,5 %

10 %

Ressources humaines

11,3 %

67 %

Commercial, marketing

12,4 %

35 %

Direction d’entreprise

14,1%

14 %

Tableau réalisée à partir de l’étude Apec "Les écarts de salaires hommes-femmes, édition 2015", dévoilée le 4 mars 2015. 

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Elodie Buzaud
Elodie Buzaud

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.

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