Télétravail : La France veut rattraper son retard

Marine Relinger

Un retard ? Un gouffre, plutôt. Le taux de télétravailleurs en France, à l'ère du tout numérique, n'est que de 9% en France. Contre 18% en moyenne en Europe, et plus de 30% dans les pays scandinaves.

Le ministre de l'Economie numérique Eric Besson a lancé hier une étude sur les pratiques des grandes entreprises à ce titre. Sur le principe, il se montre déjà convaincu : "Le télétravail [d'un ou deux jours par semaine] apporte des bénéfices concrets dans la vie courante des travailleurs, des collectivités et des entreprises", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Réduction du stress et du temps lié aux transports, source d'économie de locaux et de gains de productivité pour les entreprises, décongestion urbaine... Un système gagnant-gagnant en théorie, puisqu'en pratique il peine à se mettre en place.

Bercy montre l'exemple (une expérimentation est en cours depuis décembre au ministère des Finances) et certaines entreprises, comme Capgemini, Michelin, Renault et Axa tentent d'évoluer vers une généralisation du télétravail auprès des collaborateurs volontaires.

Mais les freins sont réels. Un précédent rapport ministériel pointait, en 2009, le flou juridique qui entoure le statut des télétravailleurs sur le sujet des accidents de travail. Que se passe-t-il si un accident de travail survient au domicile du télétravailleur ?

"L'entreprise n'a aucun droit sur l'organisation et la sécurité du domicile, note l'avocat Arnaud Moquin pour Vatier & Associés. Comme l'employeur n'a pas moyen de savoir si l'accident est arrivé pendant l'activité de travail du salarié ou pendant que celui-ci vaquait à des occupations personnelles, c'est au salarié d'en apporter la preuve tangible."

Et s'il arrive un accident à un enfant de l'employé, présent à la maison pendant son temps de travail ? "La question mérite un examen plus approfondi. Mais selon le Code du travail, qui régit les rapports entre l'employeur et l'employé, l'enfant n'étant pas le salarié, il ne peut pas subir au sens propre d'accident du travail", estime Arnaud Moquin.

Pour ce dernier, la question de la sécurité n'est pas le premier frein au télétravail : "Les employeurs sont d'abord gênés par l'impossibilité d'évaluer le temps de travail effectif, qui doit être remplacé par un contrôle au résultat. Ensuite, pour le salarié, se pose la question de la déconnexion avec l'environnement social et professionnel."

Autant de questions qui seront abordées dans le cadre du rapport Besson, dont les conclusions sont attendues pour la fin de l'année.

Marine Relinger @ Cadremploi.fr

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