Études de rémunérations cadres : ce qu’il faut retenir de 2015

Quentin Velluet

Les études annuelles de rémunérations publiées mi-janvier par les cabinets de recrutement Hays et Robert Walters confirment l’évolution à la hausse des salaires sur un marché des cadres où le taux de chômage est de 4,4 %.
Études de rémunérations cadres : ce qu’il faut retenir de 2015

2015, année pourrie ? Ce n’est pas ce que retiennent les deux études annuelles de rémunérations des cabinets Hays et Robert Walters. Le premier observe que plus de 70 % des 3 200 clients et collaborateurs interrogés - grands groupes et PME confondus-, ont vu leurs salaires bruts révisés à la hausse en 2015. Le second projette une hausse des salaires de 2 % sur le marché des cadres cette année, contrairement à la stagnation de 2015.

Déjà bonnes élèves sur le recrutement, les PME sont encore premières de la classe en matière de rémunérations : 58 % de leurs cadres ont reçu une augmentation de plus de 5 %, contre 50 % pour ceux des grands groupes.

Les fonctions les mieux payées

Selon l’étude de Robert Walters, les candidats qui tirent le mieux leur épingle du jeu restent les profils ultraspécialisés. Fusion-acquisition, risk, compliance, comp & ben, audit interne, consolidation, trésorerie, recherche & développement ou data science, sont autant de compétences très spécifiques et appréciées des recruteurs qui n’hésitent pas à mettre la main à la poche pour attirer les talents : « l’essentiel est de se rendre indispensable. Par exemples, les grandes structures sont très en retard sur le digital et sont prêtes à payer cher des compétences spécifiques », relève Laurent Hürstel, directeur associé au sein du cabinet Robert Walters.

Selon Fabien Stut, directeur régional chez Hays, trois familles de métiers peuvent compter sur de bonnes rémunérations. La première concerne les fonctions commerciales qui se trouvent en fin de chaîne et où la valeur ajoutée s’exprime directement sur le chiffre d’affaires ou les marges. Un business developper international peut donc commencer à 30 000 euros brut par an et voir évoluer son salaire à plus de 70 000 euros annuel avec huit ans d’expérience.

La seconde concerne la valeur ajoutée indirecte apportée par les postes de recherche & développement dans l’industrie, ou d’innovation dans les nouvelles technologies : « Les développeurs web, qui fonctionnent en mode projet, sont recherchés pour leur apport sur le moyen terme », explique par exemple Fabien Stut. Ces derniers commencent en moyenne à 38 000 euros brut par an et peuvent atteindre les 65 000 euros après huit ans.

Enfin, la dernière famille concerne les fonctions de pilotage (financière, achat, logistique, supply chain) « nécessaires dans une conjoncture économique à courte vue et pour une rationalisation des coûts », explique l’expert Hays.

Mais il n’y a pas que les profils ultraspécialisés qui se rendent indispensables. La connaissance d’une langue peut également faire la différence : « Il y a de plus en plus de demandes pour la maîtrise de l’anglais chez les comptables et cette compétence peut augmenter leur salaire de plus de 20 % », assure Fabien Stut.

La monté en puissance du variable

Le variable est « une tendance lourde qui va continuer de s’affirmer » selon Fabien Stut. Au départ, ce type de rémunération calculée selon les performances du collaborateur était réservé aux commerciaux et aux dirigeants. Aujourd’hui, même les fonctions support possèdent une part variable dans leur rémunération. « La démocratisation du variable est due pour une part à des nécessités de bonne gestion des charges fixes », souligne le directeur régional Hays. Avec cet outil, les entreprises épouseraient mieux les cycles faibles d’activité. C’est également un enjeu de motivation, encore faut-il qu’il soit bien pensé.

Les salariés ont la bougeotte

Malgré leur volonté de stabilité, 65 % des candidats interrogés par le cabinet Hays déclarent vouloir changer d’emploi en 2016. « C’est un chiffre à pondérer sachant qu’il s’agit de projection qui sont souvent surévaluée », modère Fabien Stut. Ce désir de mobilité est davantage motivé par la quête d’un poste plus intéressant et des perspectives d’évolutions, que par une rémunération plus attractive. Les Français n’ont plus peur de se lancer dans d’autres projets et c’est un révélateur d’un regain de confiance du marché : « Nous sommes en train de sortir de la crise et cela se sent dans le recrutement », assure le directeur régional. De son côté, le cabinet Robert Walters confirme cette tendance : 70 % des personnes interrogées considèrent que la durée idéale pour rester dans un même emploi est de trois à cinq ans.

Quentin Velluet
Quentin Velluet

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