Une pointeuse débarque dans les toilettes d’une entreprise

Michel Holtz

Une société américaine a installé une pointeuse électronique dans ses toilettes. Elle sanctionne les salariés qui y passent plus de 6 minutes par jour.

La recherche de gains de productivité pousse parfois les dirigeants d’entreprise… jusqu’aux toilettes. C’est ainsi que l’américain WaterSaver Faucet a tout simplement décidé de limiter à 6 minutes par jour l’usage du petit coin pour l’ensemble de ses salariés, comme le révèle le site Internet de la chaine TV ABC News. Rien de plus simple : il lui a suffi d’installer une pointeuse électronique aux pipi-rooms de son siège de Chicago. En cas d’envie pressante, il faut badger. Résultat, ceux qui fréquentent les W-C plus des 6 minutes autorisées par jour sont repérés et écopent d’un avertissement.

19 employés punis pour pauses-pipi excessives

Le motif invoqué par Steve Kersten, le PDG de la boîte ? Il est d’ordre financier. Les vessies encombrées de ses collaborateurs lui auraient fait perdre « 120 heures de productivité au mois de mai » ! Les syndicats ont porté plainte, bien évidemment, et organisé des piquets de grève devant le siège. « Stop au harcèlement aux toilettes ! » pouvait-on lire sur leurs pancartes. Mais rien n’y a fait : au mois de juin, 19 employés à la prostate rebelle ont été rappelé à l'ordre.

Des salariés français sanctionnés pour les mêmes raisons en 2010 

Si de telles pratiques sont exceptionnelles, même aux Etats-Unis, elles ne sont pas plus en vigueur en France. Le code du travail ne dispose d’aucun article régissant le sujet. Maître Éric Rocheblave, avocat spécialisé dans le droit du travail a néanmoins gardé le souvenir d’une décision de tribunal en la matière. Celle de la Cour d’appel d’Amiens du 26 octobre 2010 (n° 10/00306). « Elle a estimé qu’en dehors des temps de pauses réglementaires, les salariés disposaient de la possibilité de se rendre aux toilettes pour satisfaire dans des conditions normales à leurs besoins naturels » raconte-t-il. Sauf que dans cette affaire, « leurs absences au petit coin étaient d’une durée minimum de 30 minutes pouvant aller jusqu’à une heure ». C’est long ! Voilà pourquoi les magistrats avaient donné raison à l’entreprise. Une pause-pipi, oui, une sieste déguisée, non.

Michel Holtz © Cadremploi

Michel Holtz
Michel Holtz

Vous aimerez aussi :