Automobile : chacun cherche son moteur

Michel Holtz

Pour tenter de sortir du tout-essence, différentes options se présentent aux constructeurs. Electrique, hydrogène, ou hybride, chaque marque a choisi sa technique du futur. Mais certaines font des recherches tout azimut. Pour ne pas rater le coche. Tour d'horizon des options techniques choisies, constructeur par constructeur.

Dix ans. Il s'est écoulé une décennie entre la présentation publique de la première Toyota Prius et celle, jeudi dernier de la Peugeot 308 hybride. Dix ans pour que le constructeur français développe, peu ou prou, un système similaire. Et encore, cette berline compacte, mi-diesel, mi-électrique ne sera pas commercialisée avant 2011. Ce retard, la marque du lion est loin d'être la seule à l'avoir accumulé. Même si Peugeot a pratiqué une valse-hésitation en initiant le projet, puis en l'arrêtant, avant de le reprendre. Mais aujourd'hui la voix est tracée. A Sochaux, comme ailleurs, on cherche par tous les moyens à sortir du tout thermique. Seule solution pour diminuer les taux d'émission de façon drastique. Mais pour atteindre ce but plusieurs options sont possibles et trois tendances s'affrontent, parfois au sein d'un même bureau d'étude.

Tendance hydrogène

BMW s'y risque avec sa grosse série 7 vendue en toute petite série et Honda en a fait l'un de ses axes de recherches préféré et propose même un modèle à la vente à titre expérimental en Californie. Mais les recherches sur les moteurs à hydrogène semblent pourtant dans l'impasse ces temps-ci. C'est que pour l'instant, si les autos ainsi propulsées n'émettent pas le moindre gramme de CO2 la fabrication de l'hydrogène destiné à remplir leur réservoir est très énergivore. Autre problème non résolu : la miniaturisation, sécurisation et fiabilisation de l'énergie issue des piles à combustible, utilisées dans certains systèmes de propulseurs à hydrogène. Des difficultés, donc, à résoudre, avant que cette énergie ne devienne la norme du futur. Même si de nombreux constructeurs, notamment allemands, y croient dur comme fer. A un horizon de dix ans.

Tendance électrique

C'est l'énergie star de ce Mondial de l'automobile. Un prototype chez Renault, et deux modèles sportifs conçus par de tous petits constructeurs (Tesla et Venturi) suffisent pour faire naître une tendance. Reste que le PDG de la marque au losange, Carlos Ghosn, ne jure plus que par la voiture électrique et envisage de commercialiser un modèle dès 2011. En plus, les Français sont précurseurs dans ce domaine puisque les premières autos hexagonales équipées de batteries ont été commercialisées il y a plus de dix ans. Connaissant, il est vrai, l'un des flops les plus retentissants de l'histoire de l'automobile. Mais le temps a passé. Les ingénieurs de chez nous sont devenus des experts en matière de propulsion électrique et les marques étrangères nous les envient, ou tentent de les débaucher (lien). Mais le problème de cette technique du futur n'est pas tant le développement des moteurs (des turbines assez simples), que dans le manque d'autonomie et de fiabilité des batteries. C'est dans ce domaine que de nombreux scientifiques tentent aujourd'hui de trouver le graal : une batterie (vraisemblablement au lithium-Ion, comme celles des téléphones portables) capable d'alimenter un moteur durant 200 km et rechargeable à l'infini. Peut-être un prix Nobel à la clé pour celui qui saura la créer.

Tendance hybride

La cohabitation entre un moteur thermique et une turbine électrique n'est certainement pas la solution définitive pour sortir de l'impasse pétrolière. Mais dans les prochaines années, et notamment à l'horizon 2012 avec l'application des nouvelles normes anti-pollution, cette option devrait primer sur toutes les autres chez la grande majorité des constructeurs. La longueur d'avance de Toyota dans ce domaine va lui permettre de présenter dès le mois de janvier prochain, au salon de Detroit, la troisième génération de la Prius. Elle devrait afficher un taux d'émission canon, même s'il est pour le moment, top secret. La réplique sera signée Honda avec une Insight présente au salon de Paris et commercialisée au printemps prochain à moins de 20 000 euros. Un exploit puisque la Prius est 5 000 euros plus chère. Autre hybride à venir, la Chevrolet Volt devrait voir le jour fin 2010. La même auto devrait être vendue chez nous sous le badge Opel, autre marque du groupe General Motors. Ces commercialisations démarreront juste avant celle des Peugeot 308 et Citroën C4 hybrides. Pas vraiment en avance, les marques françaises.

photo DR

 

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Michel Holtz
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