Immobilier : une bonne santé paradoxale

Michel Holtz

Le marché de l'immobilier est en pleine forme, alors que les indicateurs économiques sont loin d'être au vert et que le moral des Français est loin d'être au beau fixe. Une contradiction décryptée par Laurent Vimont, Président de Century 21, le leader français du secteur.

 

Il se porte comme un charme, alors que tout autour règne la grisaille. Curieux paradoxe que cette bonne santé du secteur de l'immobilier, alors que les indicateurs économiques ne sont pas franchement verts, alors que les Français sont les champions du monde du pessimisme. Alors que règne la peur du chômage. Et si, justement, ces légitimes motifs d'inquiétude étaient l'un des moteurs de la bonne santé de cette branche ? Et si, au contraire, les hausses effrontées de l'immobilier à Paris n'étaient pas forcément une bonne nouvelle pour les professionnels ? Et si le patron du premier réseau d'agents immobilier français éclaircissait toutes ces contradictions ?

Une valeur refuge

En toute logique, quand le moral des Français s'effondre, quand la crise financière n'en finit pas de produire ses effets, le marché de l'immobilier est en berne. « Absolument pas, coupe Laurent Vimont, Président de Century 21. On a subi la crise en 2009. Mais depuis, c'est reparti. » Plus vite que l'économie en général ? « Oui, justement, car l'immobilier est une valeur refuge. En cas de coup dur, de chômage, il vaut mieux être propriétaire que locataire. Car les crédits immobiliers sont souvent assortis d'assurances en cas de perte d'emploi. Mais pour les locataires, aucun dispositif n'est prévu. » La récente réforme des retraites et l'inquiétude sur l'avenir qu'elle a fait naître poussent également les Français à investir dans la pierre. « Ils savent qu'à la fin de leur vie professionnelle, lorsque leurs revenus auront diminué, mieux vaut ne plus avoir un loyer à payer. D'où le besoin d'être propriétaire. » Une préoccupation qui touche toutes les couches de la population. « Avant, l'investissement immobilier était surtout le fait des classes moyennes. Mais on s'aperçoit depuis deux ans que les ouvriers et employés accèdent de plus en plus à la propriété, toujours en raison de cette valeur refuge».

Un marché français à trois vitesses

Ce besoin d'acheter son logement à tout prix n'est-il pas, tout de même, lié aux prix ? Et ils sont proches de la frénésie. A Paris du moins. « Un marché en forte hausse, comme c'est le cas dans la Capitale, peut créer de l'insolvabilité ». Et les augmentations enregistrées en 2010 pourraient ne pas s'arrêter là. « Mais Paris n'est pas la France, corrige Laurent Vimont. L'Hexagone est un marché à trois vitesses. La Capitale est un cas à part. Il y a également la banlieue et les grandes villes, où la hausse va se prolonger, mais dans une moindre mesure. Et enfin, les petites villes et les zones rurales où les valeurs restent stables ». Des hausses légères et une stabilité des prix qui font le bonheur des clients. « D'autant plus que les taux d'intérêt sont exceptionnellement bas. C'est évidemment vital pour la bonne santé de notre secteur. Ces taux de moins de 4% devraient d'ailleurs perdurer cette année».

Son optimisme, Laurent Vimont le partage avec l'ensemble du secteur. Et cet état d'esprit était déjà le sien l'an passé. « Nous avons recruté 800 personnes, pour l'ensemble de nos agences en 2010 ». Il récidive cette année, et fait mieux encore, en embauchant un millier de conseillers commerciaux, managers, gestionnaires et consultants. Un signe de confiance ? Une réponse à la demande, simplement.

Michel Holtz
Michel Holtz

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