Alors, Grands Méchants Chasseurs de Têtes? Ou pas?

Sylvie Laidet-Ratier

Faut-il avoir peur du chasseur de têtes ? Gwenole Guiomard, auteur du Guide des professionnels du recrutement, qui vient de sortir en librairie, revient sur les méthodes des cabinets.

 

La diffusion du documentaire « La Gueule de l'emploi », mettant en scène les méthodes « musclées » d'un cabinet de recrutement, a fait scandale en France. Depuis, le chasseur de tête Alain Gavand a proposé d'auditer et d'encadrer ces derniers. Qu'en pensez-vous ?

Je suis favorable à toutes ces propositions. Aujourd'hui la profession évolue librement. Et il est aujourd'hui tellement facile d'ouvrir un cabinet et de se faire rapidement beaucoup d'argent, quand tout va bien, que les charlatans sont difficiles à éviter. Sans d'autres contraintes [que la loi, NDLR], la profession ne se réformera pas. Et certains n'ont pas intérêt à tuer la poule aux œufs d'or pour une question d'éthique.

Comment, dans ce cas, repérer les « bons » cabinets ?

Un cabinet en place depuis plus de 10 ans montre qu'il a réussi à résister à trois crises. S'il a un label ou appartient à une organisation professionnelle, c'est encore mieux... Mais c'est rarement le candidat qui choisit son cabinet mais plutôt l'inverse et c'est d'abord une question de profils. Ces structures n'interviennent que sur des postes supérieurs à 50 000 euros annuels. Un candidat émargeant entre 50 000 et 100 000 euros et âgé de 25 à 40 ans est donc tout à fait dans la cible. Je conseille, dans ce cas, de se rapprocher de trois grands réseaux généralistes et de sélectionner quatre cabinets spécialisés dans sa fonction ou son secteur d'activité. Pour les plus hauts profils, il faudra viser cinq gros réseaux internationaux de chasse de tête, et un ou deux réseaux français de qualité.

Et comment faire pour identifier les « mauvais » cabinets ?

Il faut notamment se méfier de ceux qui changent de spécialités en fonction du sens du vent. Par exemple, un cabinet de recrutement d'abord spécialisé en informatique, puis en logistique, puis dans le secteur bancaire et maintenant dans l'environnement... Cela révèle une non maîtrise du sujet qui peut avoir une incidence directe sur le candidat. En entretien, il risque de se voir poser des questions complètement à côté. Cela étant, il est toujours mieux de passer par un cabinet de recrutement que d'être embaucher en direct, car en entreprise, c'est encore pire !

Les méthodes de travail des cabinets ont-elles évolué ces dernières années ?

Non, pas foncièrement. Ces derniers passent toujours des petites annonces sur les supports papier, on line et font de la chasse de tête pure. Certains diversifient leur sourcing en allant sur les réseaux sociaux. Mais une fois le CV en main, l'analyse du parcours reste identique. Ce que a marqué cette année, c'est que certains cabinets ont été lourdement impactés par la crise. Il y a eu de la casse. Autre mouvement de fond qui s'amorce : l'intérêt grandissant des sociétés de travail temporaire pour les cabinets de recrutement. En rachetant ces derniers, les premières veulent faire, elles aussi, du placement de cadres. On a également constaté la généralisation des départements de « management de transition » au sein de nombreux cabinets.

Propos recueillis par Sylvie Laidet @ Cadremploi.fr

Suivez le guide

La 7ᵉ édition du Guide des professionnels du recrutement, rédigé par Gwenole Guiomard et Pascale Kroll, présente les 100 principaux cabinets de recrutement officiant en France, sans oublier l'opinion personnelle des auteurs. Le livre précise les activités dominantes, les chiffres clés et les informations pratiques structure par structure.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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