L'intérim, une solution pour les cadres ?

Nathalie Alonso

Pour un cadre au chômage, passer par la case « intérim » peut aider à retrouver un emploi. Le secteur, s'il souffre de la crise, reste porteur. Le point avec les recruteurs.

C'est un bon indicateur du marché de l'emploi. Malmené par la crise économique, l'intérim a enregistré un recul global des recrutements (-1,4 %) en novembre. Sauf chez les cadres. Dans cette catégorie, les missions ont même bondi de 4,7 % selon le dernier baromètre du Prisme, qui représente 600 sociétés du secteur.

« A ce jour, nous n'observons pas de signes d'inquiétude sur les recrutements cadres. Dans un contexte incertain, les entreprises hésitent à recruter et l'intérim apparaît comme une bonne solution », commente Stéphanie Sabau-Gaye, directeur chez Michael Page Interim Management.

Un bouclier anti-chômage

Les cadres intérimaires ne chôment pas dans les fonctions RH et financières, prisées par des entreprises à court de profils opérationnels. Côté secteur, l'industrie (+11 %) et les transports (+9,1 %) tirent leur épingle du jeu et recherchent des logisticiens et des experts en supply chain, selon le Prisme.

Alors faut-il foncer ? Oui, répond Pascale Kroll, co-auteure du Guide des professionnels du recrutement : « L'intérim n'est pas une solution par défaut mais un vrai job ! Pour les catégories les plus touchées par le chômage, les jeunes diplômés et les seniors, c'est une vraie opportunité de rester en activité et d'enrichir son CV ». De plus en plus de top-managers chevronnés de plus de 50 ans sont ainsi appelés à la rescousse pour mener à bien des missions de management de transition à + de 100 KE dans les entreprises. De quoi donner une image de marque à l'intérim cadres.

Du provisoire au durable

« Il y a quelques années, l'intérim était très mal vu chez les cadres. On l'associait aux cols bleus et à une image de précarité, voire d'instabilité, commente Arnaud de la Tour, président du Prisme. Depuis, l'image de l'emploi intérimaire s'est beaucoup améliorée : la part des cadres progresse deux fois plus vite que celle des effectifs employés et ouvriers. »

Trentenaires et quadras enchaînent les missions sans complexe pour tirer profit de tous les avantages de l'intérim : flexibilité, diversité des tâches, rémunération attractive. Durée des missions : 3 à 18 mois.

Au final, l'intérim facilite les transitions de la vie professionnelle : éviter un trou dans son CV entre deux postes ; se faire connaître d'une entreprise qui ne recrute pas (encore) ; relancer sa carrière après un congé parental ou une création d'entreprise.

Mais on gardera à l'esprit que l'intérim c'est aussi cela : renoncer à un prêt immobilier faute de visibilité ; commencer des projets dans une entreprise sans en voir l'aboutissement ; se ronger les sangs en attendant une mission... Sans oublier l'angoisse de ne jamais retrouver un CDI.

Bien vivre l'intérim ?

« Il est important de choisir des missions en adéquation avec ses compétences et son niveau de salaire. Un DAF qui accepterait une mission de contrôle de gestion ne serait pas crédible devant un recruteur », met en garde Stéphanie Sabau-Gaye.

Vous avez rempli votre mission à la perfection ? Demandez une lettre de recommandation et communiquez sur votre expérience ! « On ne se contente pas d'aligner des dizaines de missions sur un CV sans expliquer les projets mis en place et les objectifs atteints », précise-t-on dans le groupe intérimaire.

« Si votre but est d'obtenir un CDI, faites-le savoir à votre agence. La mission d'intérim est souvent utilisée comme une période d'essai dans les entreprises », rappelle la spécialiste du recrutement Pascale Kroll. Depuis la loi Borloo de 2005, les agences d'intérim se sont en effet attaquées au marché du recrutement permanent. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire : être dans leurs petits papiers.

Nathalie Alonso @ Cadremploi.fr

Nathalie Alonso
Nathalie Alonso

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