Pourquoi le Sud-ouest attire tant les cadres

Mathieu Bruckmüller

Le Sud-ouest n'a jamais eu autant la cote auprès des cadres. Ces derniers l'ont hissé sur la deuxième marche du podium des régions les plus attractives de France. Ce qui tombe bien puisque la région aura encore besoin de matière grise dans les prochaines années. Et certaines entreprises cherchent même à attirer des cadres parisiens.

Que de chemin parcouru. Lors du précédent classement réalisé par le cabinet Managing et Provemploi, le Sud-ouest ne figurait même pas dans le Top 5. « C'est la région qui a connu la plus forte ascension », constate Antoine Colson, le commissaire général du salon Provemploi.

Et cette déclaration d'amour des cadres n'est pas due au hasard. « En cette période de crise, le Sud-ouest est une région qui a globalement beaucoup mieux résisté que ses consœurs. Au final, nous n'avons pas enregistré de baisse de l'emploi en 2009 », assure Robert Ghilardi de Benedetti, Directeur général du BRA, l'Agence de développement économique de Bordeaux Gironde.

La force de l'aéronautique

Une résistance qui s'explique, entre autres, par la diversification de son tissu économique. Même s'il connaît des secousses conjoncturelles, l'aéronautique reste la force vive de la région. « Rendez-vous compte, Bordeaux et Toulouse constituent le deuxième cluster aéronautique mondial avec plus de 100 000 employés sur ces deux sites », s'exclame le patron du BRA. Bien sûr il y a l'emblématique Airbus et ses 52 000 salariés à Blagnac, mais aussi Latécoère, leader mondial du câblage des avions et ses 3 800 salariés, Dassault Aviation à Mérignac avec 1 200 salariés, sans oublier Turbomeca, le spécialiste des hélicoptères civils. A cela s'ajoute une kyrielle de sous-traitants.

Le boom du green business

Mais le Sud-ouest a su aussi se diversifier. Il a pris très tôt le virage du green business avec de très bons résultats à la clef. « En 2009, 20 % des créations d'emploi du secteur à l'échelle de l'Hexagone s'est faite chez nous. Grâce à cette filière, la région se réindustrialise », constate Robert Ghilardi de Benedetti. Fin décembre, l'américain First Solar a choisi Blanquefort, près de Bordeaux, pour y installer la plus grande usine de fabrication de panneaux photovoltaïques de France. Avis aux intéressés, pas loin de 400 postes sont à pourvoir cette année. Autre exemple avec Sunnco. Le spécialiste de la pose de panneaux photovoltaïques va créer une unité de montage et un centre de formation à Cestas faisant passer à 400, contre 200 actuellement, le nombre de ses salariés en Gironde.

Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, Astrium, filiale d'EADS, projetterait d'installer en Gironde une unité de fabrication de pales d'éoliennes.

Au-delà, le dynamisme du Sud-ouest est en grande partie le fait d'entrepreneurs locaux qui ont connu de beaux succès. A l'instar de Cdiscont.com et ses 900 employés ou encore de Cultura, le spécialiste des biens et loisirs culturels qui en 10 ans a développé un groupe de 1200 personnes.

La qualité de vie plutôt que le salaire

Dans ce contexte, pas étonnant que la région dispose d'une attractivité grandissante auprès des cadres. « Sur le salon, les recruteurs de la région sont particulièrement sollicités », souligne Antoine Colson.

Et le Sud-ouest aura bien besoin de matière grise au cours des prochaines années. « En raison des départs massifs à la retraite qui se profilent, les DRH locaux sont en pleine réflexion pour attirer des cadres, notamment parisiens », révèle le directeur général du BRA.

Gageons qu'il ne sera pas trop difficile de les convaincre. Même si le salaire moyen, selon l'Insee, est inférieur de 6 000 euros à la moyenne nationale (41 000 euros par an en Sud Ouest contre 47 000 , la qualité de vie et les prix doux des biens immobiliers devraient en convaincre certains de faire leurs valises.

Cerise sur le gâteau, « c'est une région attachante avec des cultures très fortes », vante Antoine Colson. Pas étonnant que les cadres mutés dans la région aient du mal à repartir. « C'est un problème dont les grands groupes sont conscients. Une fois installés, leurs employés font des pieds et des mains pour y rester ».

Mathieu Bruckmüller
Mathieu Bruckmüller

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