Quelles opportunités en banque d’investissement ?

Benjamin Dusaussoy

Dans le sillage de la reprise de l'activité amorcée par les banques d'investissement depuis 2014, les recrutements repartent à la hausse. Un niveau qui reste toutefois loin du niveau d'avant crise, alors que le marché français doit faire face à la place prépondérante des banques étrangères.

« Les candidats ont aujourd'hui plusieurs pistes et deviennent ainsi plus exigeants au moment des propositions, ce qui avait disparu ces dernières années », analyse Emmanuelle Lalé, manager exécutif en charge des services financiers au sein de la division Banque chez Michael Page. Depuis plus d'un an, la majorité des banques d'investissement ont rouvert les valves du recrutement, mais pas n'importe comment. « Il s'agit principalement d'embauches ciblées de profils plutôt expérimentés, entre trois et quatre ans et huit à dix ans d'expérience. Des candidats sur des niveaux de rémunération en phase avec le marché sans gaps de salaires trop importants », commente Emmanuelle Lalé.

 

Coverage, financement structuré, conformité et gestion des risques

Les recrutements opérés par les banques de financement et d'investissement (BFI) concernent en partie l'activité coverage, c’est-à-dire couverture des grand comptes. « Des postes généralement à forte composante commerciale pour aller chercher de nouveaux clients », précise Emmanuelle Lalé. Autres besoins : des profils d'associé orientés corporate finance, des spécialistes en financement structuré ou encore en conformité ainsi qu'en gestion des risques pour faire face à une réglementation qui s'étoffe en permanence. « Les plus petites banques visent des profils généralistes alors que les grands acteurs recherchent des spécialistes notamment en sécurité financière, lutte contre le blanchiment ou tout ce qui a trait à la documentation commerciale », assure Emmanuelle Lalé.

 

Une reprise initiée par les filiales des banques étrangères

Ce mouvement de reprise a d'abord été initié par les filiales des banques étrangères à l'instar de Banco Santander, avant de gagner les enseignes françaises. Natixis a ainsi récemment enrôlé plusieurs profils seniors à forte valeur ajoutée en France comme à l’étranger. « Il s'agit généralement de recrutements d'experts spécifiques seniors ou confirmés qui nous rejoignent pour consolider et accélérer le développement de notre activité. Comme par exemple, en financement dans le secteur aéronautique », relève Isabelle Reux-Brown, directrice des ressources humaines chez Natixis.

 

Des rémunérations encadrées mais toujours aussi attractives

Côté rémunération, si le niveau de salaire est resté à peu près stable depuis les années 2007-2008, le montant des variables a quant à lui baissé. D'autre part, comme l'indique Thierry Mageux directeur activité Banque et Assurance au sein du cabinet Robert Half, « nous assistons à l'encadrement des fortes rémunérations pour que les bonus soient délivrés sur plusieurs années en cas de dépassement de 100 % du salaire fixe. Nous avons presque retrouvé, sur ces deux dernières années, le niveau des années 2000. À la seule différence qu'aujourd'hui, ils sont étalés dans le temps et récupérés en cas de mauvais résultats. »

 

Un désintérêt des jeunes profils ?

Si les BFI ont toujours besoin d’analystes et recrutent parmi les meilleures écoles de commerce et d'ingénieurs de l'Hexagone des jeunes diplômés pour intégrer des postes en analyse de produits, en fusion acquisition ou en financement structuré, les profils plus juniors ne sautent pas vraiment sur les opportunités. « Depuis 18 mois, les jeunes préfèrent se tourner vers les fonds de private equity, les nouveaux acteurs que sont les start-up de crowdfunding ou vers des postes où les nouvelles technologies digitales sont plus prégnants. Les banques traditionnelles ont perdu de leur attrait », concède Emmanuelle Lalé. Pourtant, selon Isabelle Reux-Brown, « du fait même des évolutions réglementaires, des opportunités existent en France autour des activités de risque et de compliance dans l’optique du cadrage des opérations de marché. Juristes de marché et actuaires de marché sont aussi des profils rares et donc fortement sollicités. »

 

Des opportunités à l'international qui cristallisent le marché

Autre explication au désintérêt des cadres pour les postes dans les BFI françaises, la tentation de l'étranger, comme le précise Thierry Mageux : « La courbe des salaires français s'est largement écartée d'autres places comme Londres, New York ou des marchés asiatiques. » C'est aussi et surtout la nature même de l'activité qui en est le principal responsable, souligne pour sa part Isabelle Reux-Brown : « Les métiers de la finance sont en résonance de la sphère économique réelle. Aujourd'hui, 80 % du chiffre d'affaires des entreprises du CAC 40 sont réalisés à l'extérieur de la France. Les recrutements s'opèrent donc massivement là où la croissance se trouve. » Enfin, puisque la langue de référence est plus que jamais devenue l'anglais, « il y aura de la place à Paris pour les profils maîtrisant cette langue dans le cadre d'interaction avec les plateformes internationales et nos régulateurs locaux », ajoute-t-elle.

Benjamin Dusaussoy
Benjamin Dusaussoy

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