Spécial mobilité : les cadres franciliens prêts au départ

Tiphaine Réto

Envie de changer ? De poste ? D'entreprise ? De région ? Zoom sur la mobilité professionnelle des cadres en Île-de-France.

Regain de bougeotte chez les cadres : 7% d'entre eux ont changé d'entreprise l'an dernier, selon le dernier panorama des mobilités professionnelles de l'Association pour l'emploi des cadres. 20% ont changé de poste ou ont vu leurs missions évoluer significativement.

« Quand on a passé du temps au pain sec et à l'eau, on a les yeux qui brillent devant les opportunités qui se maintiennent dans la région... », commente Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half International. Même si la contraction du marché est attendue en 2012. En attendant, il reste des opportunités, les cadres qui veulent bouger doivent le faire vite. « Et ce qui est vrai pour l'ensemble de la France, l'est d'autant plus pour l'Ile-de-France, où se concentre la majeure partie de l'économie française. »

Au coeur de la mobilité professionnelle

« On observe deux types de population cadre particulièrement mobiles dans la région, note Bern Terrel, directeur du département marketing et commercial à Hudson. La génération Y qui a entre trois et cinq ans d'expériences et qui est prête à bouger pour se faire un bon début de carrière parisien et les cadres qui ont une quinzaine d'années d'expérience et qui ont envie de donner un nouveau souffle à leur carrière. » Pour Fabien Stut, directeur régional Ile-de-France de Hays, « la mobilité est aujourd'hui un acquis culturel. Pour les jeunes, il est évident qu'on doit changer de postes, d'entreprises, voire de région ou de pays pour évoluer. »

La mobilité, une stratégie de carrière ? Là encore une évidence pour les recruteurs. « C'est aussi et surtout le moyen le plus efficace d'augmenter ses revenus, reprend Bern Terrel. On peut rapidement obtenir une augmentation de salaire de 10-15 % en changeant d'entreprise alors qu'en restant à son poste les chiffres tournent plus autour de 4 %. »

Reste que pour beaucoup de cadres franciliens l'argent ne fait désormais plus le bonheur. Et les velléités aux changement s'accordent de plus en plus à une envie de renouer avec un équilibre vie privée-vie professionnelle. « La nouvelle génération de cadre n'est plus mariée à son entreprise et n'est pas forcément prête à tout au détriment de sa vie privée », note Fabien Stut. Surtout après deux années de crise où la pression et la charge de travail n'ont cessé d'augmenter dans certains services.

L'appel de la Province

Résultat : quitte à être mobile professionnellement autant l'être aussi géographiquement et tenter sa chance en province. « Après avoir valorisé une première expérience en Ile-de-France, beaucoup de cadres ont envie de rentrer en région où ils savent qu'il est tout à fait possible de faire une belle carrière tout en retrouvant un pouvoir d'achat plus élevé qu'à Paris », explique Antoine Colson, co-organisateur du salon Provemploi. Ainsi, selon l'INSEE, alors que chaque année 26 000 cadres s'installent en Ile-de-France, 24 000 prennent le chemin de la Province.

Les entreprises l'ont bien compris et se mettent au diapason de ces envies. « La réticence à venir s'installer à Paris est une donnée nouvelle par rapport à il y a 10 ans, reconnaît Bern Terrel. Et il faut jouer sur d'autres leviers que la seule rémunération. » Une prime de bienvenue, une voiture de fonction, une aide aux logements... Tout est mis en oeuvre pour facilité l'implantation dans la capitale. A commencer parfois par la possibilité de ne pas y habiter ! « Dans les secteurs d'activité où cela est possible, on voit plus fréquemment proposés des aménagements pour un télétravail à temps partiel », avance Fabrice Stut.

« Les entreprises soignent également leur image, prévient Fabrice Coudray. Le management, la formation, les plans de carrière possibles en interne voire même la localisation des bureaux dans un environnement agréable et facile d'accès en transport sont mis en avant pour séduire et fidéliser les collaborateurs. » Preuve s'il en est qu'à force de mobilité, les cadres ont donc aussi réussi à faire bouger les entreprises.

Tiphaine Réto © Cadremploi.fr

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