Les DRH défendent le CDI pour tous

Sylvia Di Pasquale

L'idée d'un contrat de travail à durée indéterminée remplaçant tous les autres vient de renaître. Défendue cette fois par des DRH. Même l'intérim serait concerné.

 

Exit la dualité CDI-CDD. A la tête de l'Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), Jean-Christophe Sciberras s'attaque à l'armée mexicaine des 38 contrats de travail français. Son objectif : imposer le contrat de travail unique (CTU), un CDI qui remplacerait tous les autres contrats. « Pour simplifier la vie des entreprises, sans ôter de protection aux salariés. Bien au contraire. »

Xavier Bertrand lui a conseillé de faire preuve de pédagogie. Il faut dire que l'idée du CTU, formulée en 2004 par des économistes, n'a jamais survécu aux levers de boucliers tant syndical que politique. Une crise plus tard, et la tendance du recours systématique au CDD s'étant accentuée, les praticiens des RH espèrent que les partenaires sociaux sont enfin prêts à entendre leurs arguments. « Avec les kilomètres de pages du code du travail sur le CDD, on marche sur des œufs à chaque signature de contrat. » L'instauration du CTU apporterait davantage de sérénité. « Pour les entreprises comme pour les salariés. Car ces derniers seraient tous égaux, face aux banques par exemple. » Il est notoirement difficile, voire impossible, de décrocher un crédit bancaire armé d'un simple CDD.

Mais si certains employeurs trouvent ce CTU trop rigide, ne risquent-ils pas de se tourner vers le contrat d'intérim ? « La grande nouveauté, c'est que les entreprises de travail temporaire recruteront aussi en CTU. Le salarié intérimaire continuerait à mener des missions dans les mêmes cas limitatifs de recours. Mais il signerait un contrat à durée indéterminée avec son entreprise de travail temporaire. Qui le rémunérerait y compris pendant les périodes d'inter-contrats. »

Evidemment, ce nouveau CDI pour tous serait quelque peu différent de la forme actuelle du contrat à durée indéterminée. « Car les droits qu'il confère sont proportionnels à l'ancienneté. De même que la durée du préavis dans le cas d'un licenciement. » Ainsi que les indemnités qui seraient équivalentes à 10% du salaire annuel. Quant aux motifs qui permettraient ces licenciements, ils sont peu ou prou inchangés par rapport aux dispositions du CDI aujourd'hui en vigueur. « Et ils doivent bien sûr toujours être justifiés. »

Ce changement majeur dans la manière d'appréhender le droit du travail a bien sûr suscité des réactions majeures. Notamment du côté des syndicats. Plutôt vent debout. « Fausse bonne idée » pour la CGT, « officialisation de la précarité » pour Solidaires, « flexibilité à outrance » pour FO. Jean-Christophe Sciberras reconnaît « qu'il est difficile de convaincre des gens qui ont des positions figées. Une idée qui bouscule met toujours du temps à faire son chemin. » Tout en souhaitant rencontrer ces partenaires sociaux pour les convertir. Un réflexe du directeur des relations sociales qu'il est également chez Rhodia.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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