Michel Ghetti (France Industrie & Emploi) : "Il n'y a plus d'emplois pérennes aujourd'hui"

Sylvia Di Pasquale

Certains secteurs d’activités, dans certaines régions, continuent de créer des emplois. Mais aucune branche n’offre de garantie à long terme.

Inutile d’user de méthode Coué : la France détruit davantage d’emplois qu’elle n’en crée. Et l’étude du cabinet conseil France Industrie et Emploi réalisée avec le spécialiste en transformation des entreprises Kurt Salmon, est formelle : la France s’installe dans la crise. « Entre 2009 et 2013, on n’a jamais cessé de détruire des emplois, souligne Michel Ghetti qui a copiloté la 5ᵉ édition de ce panorama hexagonal des créations et destructions d’emplois. Et l’an passé les créations n’ont pas compensé les destructions. Du coup, on se retrouve avec un solde négatif de 100 000 emplois ». L’industrie souffre, le BTP s’effondre, les services commencent à être atteints et « même la R&D semble touchée ». Malgré tout, l’étude livre également quelques raisons de garder son sang-froid. D’abord, les destructions d’emploi ont malgré tout diminué l’an passé (-31%). Il faut notamment se méfier des faillites très médiatisées. Ces grands plans sociaux ne concernent que 7 % des emplois détruits. « Et dans ces entreprises, les salariés sont mieux protégés que dans les PME et les TPE. » Des entreprises liquidées loin des caméras.

L’Île-de-France, championne des créations d’emplois

La sinistrose est également une question géographique. Si certaines régions, comme la Champagne-Ardenne, la Haute-Normandie ou la Picardie détruisent beaucoup d’emplois, d’autres témoignent d’une vraie vitalité. C’est le cas de l’Île-de-France, « centralisme oblige », où se crée près de la moitié des emplois français. Mais, dans une moindre mesure, Midi-Pyrénées ou les Pays-de-la-Loire affichent eux aussi un certain dynamisme. Contre toute attente, le secteur agro-alimentaire crée encore des emplois dans cette dernière région. « Mais c’est surtout l’aéronautique qui recrute. » Une branche implanté à la fois à Nantes et à Toulouse et qui possède une autre qualité, de plus en plus rare : des cycles longs. Les variations saisonnières ne la touchent pas. « Malgré tout, il n’y a plus d’emplois pérennes aujourd’hui, dans ce domaine comme dans d’autres. » La fin de l’emploi à vie a peut-être sonné, pas celles des opportunités d’emploi. A condition de choisir les secteurs d’activité et les territoires qui tirent toujours leur épingle de ce jeu délicat.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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