Sephora, la boîte qui recrute sans langue de bois

Sylvia Di Pasquale

Exit la langue de bois institutionnelle. En interne comme en externe, Sephora laisse carte blanche à ses salariés et aux candidats pour échanger en toute transparence via Facebook. Son DRH Philippe Canonne et Didier Pitelet, le patron de l'agence OnTheMoon, sont venus expliquer au Club emploi leurs idéaux de "liberté et zéro censure".

La nouvelle communication de l’employeur Sephora pourrait paraphraser le slogan d’une autre entreprise. « Venez comme vous êtes ». Et l’on trouve en effet de tout parmi les 7700 fans de la page Facebook « I like Sephora » que l’enseigne leader dans la vente des produits de beauté a ouverte l’an passé : des commentaires de candidats éconduits, positifs ou pas, des demandes d’infos sur les processus de recrutement, mais aussi des mini-films réalisés par des collaborateurs de l’enseigne et notés par les internautes. Le tout, dans un grand vent de liberté assumé par les deux initiateurs de l’opération.

L’un, Philippe Canonne est DRH de l’enseigne, tandis que l’autre, Didier Pitelet, dirige Moon’s Factory, le groupe de communication qui a conçu la campagne via son agence OnTheMoon. Leur credo qui semble guider la présence de la marque sur le réseau social tient en quelques mots : « éthique et transparence » pour le communicant, « liberté, zéro censure et cohérence », pour le patron des ressources humaines.

Une relation directe

« Aujourd’hui, les jeunes ont été habitués à une relation directe  avec leur communautés sur Facebook. Ils attendent la même chose de la part d’un employeur, » renchérit Didier Pitelet.

Le DRH et le communiquant feraient-ils donc fi de tout danger ? Au risque de voir s’abimer l’image de la marque. « En fait, estime Philippe Canonne, le vrai danger, c’est de s’abimer sans s’en rendre compte. Avec Facebook au moins, on mesure l’image que l’on renvoie.» Au point de tout laisser passer, le bon comme le mauvais ? « De toute façon, si on invente de faux témoignages, ils auront tôt faits d’être démasqués, » affirme Didier Pitelet. Il vaut mieux prouver par la parole des collaborateurs plutôt que d’asséner une vérité corporate. »

D'autres réseaux sociaux

Une dictature de la transparence, imposée par le Net, mais que peu d’entreprises acceptent. Pour le moment. « Car d’ici quelque temps, celles qui n’accepteront pas de jouer le jeu de la transparence et des réseaux sociaux seront des dinosaures ». Après Facebook, Sephora envisage de s’installer sur d’autres réseaux sociaux. « On suit le mouvement, on suit les gens. Là où ils se réuniront, nous serons, » a décidé le DRH. Mais qu’est-ce qui peut bien motiver sa démarche ? L’afflux de candidats plus nombreux ou plus variés ? Pas vraiment. Mais il remarque que ceux qui postulent dorénavant savent vraiment pourquoi ils postulent. Ce qui n’est déjà pas si mal.

Par Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 5 mars 2012

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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