Le Bourdonnec: "La boucherie recrute ses collaborateurs comme des joueurs de foot"

David Abiker

Yves-Marie Le Bourdonnec est devenu patron de sa boucherie à 18 ans. Il a embauché un ancien responsable du marketing, une criminologue, un étudiant en droit… C'est que la boucherie recrute, paie bien et qu'elle fait voyager, explique le boucher chouchou des médias, qui sait si bien parler des opportunités de l’artisanat.

Yves-Marie Le Bourdonnec… sur le Bloc Notes de  David Abiker

- Habité

- Généreux

- Malin

- Communiquant

- Sur actif

Impression générale

Yves-Marie Le Bourdonnec, on est d’accord, c’est la star des bouchers. Une fois qu’on a dit ça quel rapport avec le recrutement et notre série ? Et bien il y en a au moins trois.

1. D’abord la vocation. Il l’a eue très tôt. Et ceux qui ont une vocation chevillée au corps et à l’esprit trouvent du travail plus facilement que les autres.

2. Ensuite, Le Bourdonnec applique à son métier le personal branding que d'autres pratiquent sur le net ou dans des métiers de cadres. Cela lui sert à distinguer son offre de celle du boucher d’à côté. Certains disent « Think Different », lui il tranche, dans les deux sens du terme. Il communique pour valoriser sa singularité: la qualité des viandes et leur affinage, parfois jusqu’à 100 jours. Il se distingue aussi par sa façon de parler bidoche et son art de séduire jusqu’aux magazines féminins qui s’arrachent ses portraits.

3. Enfin, Le Bourdonnec est légitime pour causer embauche parce qu’il y a des problèmes de recrutement dans son secteur. Les centres de formation à la boucherie parisiens accueillent chaque année 300 postulants et n’en forment que 100. Rien que sur Paris, le secteur pourrait recruter 1 000 jeunes, ça en fait de la perte en ligne. Il y a donc pénurie sur le marché des bouchers.

Voilà pourquoi Le Bourdonnec a recruté et formé à son métier une criminologue, un responsable marketing et un intermittent du spectacle. On est loin de la boucherie, mais l’homme  a su leur transmettre la passion du métier… et les paie plus cher qu’ailleurs.

Un autre détail qui prouve que ce garçon a toute sa place parmi les patrons, les entrepreneurs, les politiques et les médiatiques de notre série sur les secrets du recrutement. Pour les choisir, il les a invités à déjeuner et les a observés en train de manger. Une façon pour lui de repérer les gourmands, les dégourdis et les enthousiastes.

Enfin, et c'est la meilleure des raisons : l’artisanat séduit de plus en plus de jeunes diplômés. On y est son propre patron, on peut y exprimer sa créativité et appliquer les techniques du gros business à une activité modeste mais qui vous appartient.

Quand je suis sortie de la boucherie qu’il vient d’ouvrir à Paris (172, avenue Victor Hugo), j’ai été pris d’un doute. Et si moi aussi, je devenais artisan ? La passion du métier, c’est contagieux…

David Abiker
David Abiker

David Abiker a animé l'émission « On revient vers vous » diffusée sur Cadremploi.fr entre 2009 et 2013. Auparavant, il a été DRH, puis a travaillé dans la communication et la formation avant de signer plusieurs essais et romans. Il est désormais journaliste et chroniqueur radio, TV et presse.

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