Monique Pinçon-Charlot : le recrutement des riches

Monique Pinçon-Charlot...sur le Bloc Notes de David Abiker

Obstinée

Méthodique

Simple

Précautionneuse

Légèrement stressée

Lutte contre la domination

Précise

Impression générale

Rencontrer Monique Pinçon-Charlot c'était pour moi une vieille envie. J'avais lu ses livres sur la grande bourgeoisie, 25 ans d'études sur la manière dont les riches vivent, survivent et dominent le reste de la société en se serrant les coudes. Michel et Monique Pinçon-Charlot viennent de publier Le Président des riches, un livre sur l'affaire Woerth-Bettencourt. Ils y ont vu une validation de leurs thèses sur la cooptation des élites et le recrutement entre gens du même monde.

Un recrutement que Monique Pinçon-Charlot n'hésite pas à qualifier d'ethnique et naturel. Pour elle, toute situation de recrutement met en présence un dominant et un dominé. Pour autant, ça ne veut pas dire que le premier va écraser le second. Simplement, il faut le savoir. Autrement dit, il faut lorsqu'on est dans un entretien objectiver la situation comme le sous-entend la sociologue : savoir ce qui se joue au moment où l'on reçoit et le moment où l'on est reçu.

Ecoutez bien Monique raconter son premier entretien chez une femme du monde : elle s'est sentie dominée malgré un accueil charmant... Grâce aux ouvrages du couple Pinçon et Charlot, nous autres les roturiers et les gagne-petit nous savons désormais où nous mettons les pieds quand nous nous présentons dans la haute société. Sachons maîtriser les codes d'une classe sociale bien plus solidaire et organisée que la classe ouvrière ou la classe des cadres. Partout l'individualisme a fait voler en éclats les solidarités de classe sauf chez les riches, explique Monique. Paradoxalement, ils sont restés solidaires et cohérents, ils sont la dernière classe à jouer le groupe et le collectif.

Alors, que fait-on Monique ? On leur coupe la tête comme en 1789 ? Mais non, répond-elle, il faut les imiter, aller chercher chez eux, dans leurs dîners, leurs manières, leurs langues vivantes, dans leurs comportements, dans leurs atouts, ce qui fait leur force et peut-être un jour, les surpasser... Vous l'aurez compris, notre tête chercheuse observe les comportements socio-économiques des riches avec un regard scientifique et beaucoup de recul. Pas sûr que vous trouviez un job en appliquant les conseils de Monique Pinçon-Charlot. En revanche, si vous avez bien compris ce qu'elle dit, vous sentirez les pièges, identifierez plus vite les castes et les chapelles qui trustent certains jobs sans que vous ayez compris jusque-là pourquoi. Sachons donc observer les riches au travail et dans les affaires pour mieux, un jour, leur piquer leur place.

Ou pas.