Yves Trévilly : bosser dans l'industrie du tabac ?

David Abiker

Pas facile de travailler pour British American Tobbaco ? Féminisation des postes de direction, évolution à l'international, autonomie... Son représentant en France, Yves Trévilly, nous raconte les initiatives RH mises en place pour attirer les cadres, dans une industrie estampillée "Fumer tue".

Yves Trévilly... sur le Bloc Notes de David Abiker

Sympathique

Politique

Transparent

Serein

Impression générale

Quand vous arrivez au siège de British American Tobbaco (BAT), vous vous frottez les yeux. Des graphiques annoncent les perspectives de croissance mondiale de l’entreprise, un immense nénuphar mural met en valeur toute la gamme des cigarettes distribuées par le groupe et, sur le guichet d’accueil, un distributeur de désinfectant vous invite à vous laver les mains.

Ici, le Fumer Tue cohabite tranquillement avec l’interdiction de cloper au bureau. C’est Yves Trévilly, porte parole de BAT en France, qui nous accueille dans son bureau plein de cigarettes. En boîtes de 20, en cartouches, en carton, le paradis du fumeur et des paquets géants qui donnent envie d'en griller une. Yves Trévilly, avec son sourire en coin, son franc parler, ses lunettes sixties et sa maîtrise de l’argumentaire international de la firme provoque cette impression d’être face à un personnage des romans de John Grisham ou face à un héros de la série Madmen.

Yves Trévilly a beau parler au nom d’une entreprise qui vend un produit nocif, ce qu’il reconnaît d’ailleurs, il est fort sympathique, ne fume que rarement et surtout pratique assez peu la langue de bois attendue. Il ne dissimule pas non plus les difficultés que l’entreprise rencontre parfois pour recruter. Il a même loupé une candidate récemment, elle s’est ravisée : « elle ne pouvait vraiment pas ». Même les salariés de l’entreprise ont parfois des doutes, le dimanche à midi, à l’heure du gigot, chez leur belle-famille : « Ne dîtes pas à ma mère que je vends du tabac, elle me crois pianiste dans un bordel… »

BAT compense les doutes passagers de ses employés en adaptant sa politique RH à la particularité discutée de son produit : parité forte, féminisation des postes de responsabilité, charte éthique et responsable autant que possible et communication de recrutement prometteuse. BAT veut des collaborateurs différents et ça se comprend, car il faut une bonne dose de non-conformisme pour accepter de vendre un produit qui provoque des maladies cardiovasculaires et des cancers. Les cadres sont autonomes, appréciés pour leur tempérament, poussés vers l’international, bref, ils sont chouchoutés autant que les clients, voire davantage, car, je le rappelle par devoir, moi qui suis fumeur, fumer tue, mais chez BAT, fumer donne aussi du boulot

David Abiker
David Abiker

David Abiker a animé l'émission « On revient vers vous » diffusée sur Cadremploi.fr entre 2009 et 2013. Auparavant, il a été DRH, puis a travaillé dans la communication et la formation avant de signer plusieurs essais et romans. Il est désormais journaliste et chroniqueur radio, TV et presse.

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