Apple bashing : le puissant est forcément le méchant

Sylvia Di Pasquale

Des ouvriers chinois traités comme des esclaves, ou presque. Des vendeurs des magasins français payés juste au dessus du Smic, sans le moindre petit avantage social, ou presque. Une exception rarissime dans la grande économie mondiale ? C’est fort malheureusement le lot commun de la plupart des petites mains de l’ex-empire du Milieu qui fabriquent à peu près tout ce que nous achetons auprès de vendeurs aux salaires et aux avantages minima. Sauf que les ouvriers et les commerciaux dont on parle travaillent pour la seule entreprise au monde dont le lancement d’un produit est un événement majeur. La seule dont les fonds propres dépassent ceux de l’administration américaine : Apple. Et en fait, le principal reproche que les salariés de la firme à la Pomme et les médias font à cette entreprise, c’est tout simplement d’être Apple.

Comme l’explique ce salarié d’un Apple Store parisien à France 24 : la manière dont l’entreprise traite ses salariés est juste « indigne du groupe le plus riche du monde ». Et l’on pourrait rajouter, du groupe dont le fondateur est un gourou et les produits cultissimes avant même d’être sur le marché. Mais peut-être qu’Apple ne le sait pas ? Peut-être que la Pomme n’a pas pris le melon ? Peut-être que l’entreprise de Cupertino ne se voit, dans son miroir économique, que comme une boite comme une autre ? Du coup, elle peut exploiter les ouvriers chinois comme tous les fabricants d’électronique le font. Elle peut payer tout petitement ses vendeurs français comme n’importe quelle franchise de fringues ou de chaussures de l’Hexagone

Peut-être qu’Apple est restée scotchée au XXe siècle. Une époque où ses encore rares aficionados étaient des rebelles emprunts de coolitude qui choisissaient le Mac contre le PC. Qui avaient élu Apple au détriment du tout puissant Microsoft. La donne a changé, le tout puissant n’est plus à Seattle, mais dans la Silicon Valley. La Pomme a simplement négligé un fait : le puissant est forcément le méchant. Et dans la foulée ne s’est pas préoccupée de soigner son image de marque employeur, se contentant de soigner son image de marque tout court. La redistribution, même très partielle, le chouchoutage des salariés permet, en principe, à une entreprise, de rallier à elle des candidats qui veulent travailler pour elle. Mais dans le cas d’Apple, et pour la première fois, la mauvaise marque employeur pourrait rejaillir sur la marque tout court. Un cas d’école.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 24 septembre 2012

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

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Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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