L’argent n’est pas le seul facteur de motivation au travail, c’est le premier

Sylvia Di Pasquale

L’argent n’est pas le seul facteur de motivation au travail, c’est le premier

Je veux des happiness officers, des afterworks, des tournois de baby-foot pour me motiver. En substance, voilà ce que des légions de spécialistes RH, de managers et de dirigeants pensent que pensent les salariés. Mais la réalité est peut-être plus triviale et, du coup, beaucoup moins ludique que tous les outils rigolos du bien-être au boulot. Car selon la toute fraîche étude publiée par ADP*, le pape des solutions RH, le premier facteur de motivation reste toujours la fraîche et ça n’a pas changé depuis 2016.

Des pépettes, des thunes, de la caillasse : voilà ce qui est, en l’occurrence, « le plus grand facteur émotionnel du bien-être au travail ». C’est du moins le premier critère de motivation exprimé dans l’étude par 50 % des hommes et 44 % des femmes en Europe.

La rémunération est un facteur d'engagement certes non suffisant mais néanmoins primordial

Quelle meilleure manière de leur faire comprendre que l’on fait un bon job que de les payer en conséquence ? Une notion bête comme chou qui semble régulièrement perdue de vue. Évidemment, les salariés européens ne sont pas seulement rivés à leur fiche de paie. 22 % tiennent également à leur équilibre vie perso et vie pro, mais ils sont moins nombreux que l’an passé (28 %). Les relations avec les collègues ? Voilà qui est bigrement important, certes. Mais 21 % des sondés seulement veulent copiner au boulot.

Les Français sont-ils plus vénaux que leurs cousins européens ? Pas spécialement mais nous sommes moins âpres au gain que les Polonais : 60 % d’entre eux estiment que la bonne paie détermine la bonne motivation. A l’inverse, les Suisses ne sont que 35 % dans ce cas. Au pays des salaires parmi les plus élevés d’Europe, on est moins regardant.

Cette situation ne date pas d’hier. Depuis trois ans, le spécialiste du logiciel RH pointe les mêmes aspirations en matière de rémunération comme facteur d’engagement certes non suffisant mais néanmoins primordial. Et ADP n’étant pas une petite TPE confidentielle, ses études sont très largement diffusées, surtout auprès de ses clients, les entreprises. Mais alors, pourquoi un tel déni ? Parce que les happiness officers, les afterworks et les tournois de baby-foot coûtent moins cher et s'avèrent plus rentables pour la productivité qu’une bonne vieille augmentation de salaire ? Ce serait d’une parfaite mauvaise foi que de prétendre cela.

* Etude «The Workforce View in Europe in 2018 » explore l'état d'esprit et les opinions des collaborateurs vis-à-vis de l'avenir du travail. Elle a été menée par l’agence indépendante Opinion Matters, pour le compte d’ADP. L’échantillon était composé de 9908 adultes actifs dans 8 pays européens : Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni et Suisse.

 

@Syl_DiPasquale ©Cadremploi

Dessin de Charles Monnier

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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