Entretien d'embauche : l'habit fait le moine plein aux as

Sylvia Di Pasquale

Selon des chercheurs sud-coréens, cités par le Journal of business research, passer un entretien d’embauche affublé de marques chères permettrait d’obtenir un salaire plus élevé. Rien que ça. Inutile de trembler et de courir chez son banquier, avant de shopper pour s’offrir des fringues de luxe. D’abord parce que l’étude en question a été réalisée sur le mode minimaliste.

La même jeune femme a été filmée pendant 3 entretiens pour obtenir un stage en entreprise. Et à chaque entretien, elle portait un polo blanc différent. Lors du premier entretien, le polo était siglé Louis Vuitton, le deuxième polo provenait de chez H&M et le troisième n’était d’aucune marque connue. Ces petits films ont ensuite été visionnés par un groupe d’étudiants d’une université coréenne qui ont rendu leur verdict. À la question « laquelle de ces personnes mérite de gagner plus de 11 000 wons de l’heure ? », plus de la moitié des observateurs ont estimé que c’était la jeune fille en Vuitton, 12 % ont voté pour celle qui s’était habillée chez H&M et à peine 10 % ont levé le petit doigt pour la pauvre sans marque.

Que faut-il conclure d’une telle recherche fondamentale et indispensable ? Tout d’abord que des étudiants lambda ne sont pas des recruteurs professionnels. Et qu’en outre, ils ne sont que 150 à être interrogés sur cette grave question. Ce « sondage » n’est donc représentatif de rien, si ce n’est de l’indulgence du Journal of Business Research pour les études approximatives.

En même temps, on peut aussi se dire, en prenant toutes les pincettes et les fourchettes possibles, que les étudiants sud-coréens sont pétris d’autant de préjugés sur l’apparence de leurs contemporains que ces salariés qui s’improvisent recruteurs dans toutes les entreprises du monde. En tête de leurs « biais cognitifs» à l’œuvre pendant un entretien, le choix du vêtement et l’attitude comptent pour 55 % dans le jugement, loin devant l’expression orale (38 %) et la teneur des propos (7 %). Et les compétences dans tout cela ?  Et les motivations profondes ? Disons qu’il ne reste plus qu’à espérer que vous êtes tombés sur un ou une pro du recrutement. Car seuls les féru(e)s de psycho et de science du comportement  savent déjouer ces méchants biais pour batailler avec leur première impression.

@Syl_DiPasquale

Dessin de Charles Monnier

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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