Génération Z, génération poisson rouge ?

Sylvia Di Pasquale

On pensait en avoir fini. S’imaginant que la génération Y était enfin casée, non sans mal, intégrée dans la vie active, non sans difficultés. Et voilà que la vague suivante déferle, une génération Z que Georges Nurdin dépeint pour Le Nouvel Economiste. L’homme sait de quoi il cause. C’est le directeur de la filiale internationale de l’ESG, Paris School Of Business, qui rassemble des étudiants de 70 nationalités différentes. Il se coltine tous les jours les 18-23 ans qu'il décrit dans cette interview. On sent dans ses paroles comme un besoin de verbaliser.

L’ex-cadre de multinationales devenu prof en chef en a gros sur la patate. Ces jeunes qu’il côtoie tous les jours, il les décrit comme une génération d’incultes, sans mémoire, pour qui l’histoire commence avec Mark Zuckerberg, qui se complait dans la spontanéité de l’instant et qu’il qualifie de peu tolérante à la souffrance.

Morceaux choisis :

« Ce qui retient leur attention un temps parce que c’est nouveau et dans l’instant, cesse de les intéresser la seconde d’après parce que, pour eux, cela relève déjà du passé. » Des poissons rouges, en quelque sorte.

« Normalement, on cesse de considérer que le monde est né avec soi dès que l’on sort de l’enfance et que l’on comprend qu’il existe un contexte autour de sa propre histoire. Or ce n’est pas le cas avec cette nouvelle génération. » En résumé : ce sont de grands enfants naïfs.

« Une étude assez récente sur l’évolution du quotient intellectuel moyen montre que l’on est de plus en plus intelligent jusqu’aux années 90, après quoi, on constate une dégradation assez rapide. » Les Z seraient donc des cousins des lapins crétins.

Voilà donc, selon le principe de G.N., une génération d’écervelés, sans culture, sans mémoire et totalement biberonnée aux réseaux sociaux. Quelques millions de jeunes pour qui @Jules_César n’a d’existence que s’il est présent sur Twitter, avec ses cohortes de légionnaires followers. A ces bons petits gars et filles de la famille Z qui ne raisonnent que dans l’immédiateté, leur prof ajoute au bic rouge qu’ils sont inaptes au monde de l’entreprise.

Alors il s’échine : « j’ai remis les humanités au programme – notamment des cours d’histoire », histoire de leur apprendre le long cours du temps. Car, précise-t-il, l’entreprise se construit de projets à moyen et long terme. 4 ans pour développer une auto, 10 ans pour un avion. Il prend son rôle à cœur, Georges Nurdin. Il estime qu’il est, avec ses collègues, « la dernière pompe avant l’autoroute. » Celle de l’emploi et de l’entreprise.

Ce cri d’alarme est bien sûr salutaire, et le boss de la Paris School Of Business implore le système scolaire, et les jeunes eux-mêmes, de changer, de s’adapter pour mieux s’intégrer. Mais les entreprises ? N’ont-elles pas un tout petit rôle à jouer dans cette affaire ? Du paternalisme du 19ᵉ siècle aux start-up d’aujourd’hui, ont-elles changé parce que leurs dirigeants en avaient une furieuse envie ? Ou parce qu’elles ont été obligées de se bousculer à cause des évolutions sociales et comportementales de leurs collaborateurs ?

Et les directions des écoles, internationales ou pas, ont-elles évolué ?

@Syl_DiPasquale - 28 mai 2012

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

 

 

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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