L'âge bête commence à 45 ans

Sylvia Di Pasquale

DRH, recruteurs et consultants, soyez gentils. Vous avez sûrement une réunion, là, tout de suite... Alors n'hésitez pas à quitter cette page pour aller vaquer à vos autres occupations. Car l'info qui suit doit rester enterrée, rangée tout au fond du bunker où sont classés les dossiers « secret défense ». Tous les témoins doivent être éliminés et personne ne doit connaître l'affreuse nouvelle : celle qui dit qu'à partir de 45 ans, on deviendrait moins intelligent.

 

Ce n'est pas moi qui viens de mettre un pied juvénile dans cette tranche de vie qui le dit, c'est l'University College de Londres. Et comme tout ce qui vient de la perfide Albion est matière à suspicion, les british chercheurs se sont fait aider par les french professeurs de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) pour couper court aux critiques. Ensemble, ils ont testé 5 198 hommes et 2 192 femmes âgés de 45 à 70 ans. La mémoire, le vocabulaire et l'expression orale de ces cobayes ont été passé à la moulinette pendant 10 ans et les résultats sont implacables : les performances des hommes et des femmes déclinent de 3,6% entre 45 et 49 ans.

 

Devant ces chiffres, deux alternatives s'offrent à nos synapses pseudo-dégénérées. On peut se consoler petitement et considérer que la gente féminine s'en tire mieux que les garçons. Car, toujours selon l'étude, la dégénérescence atteint 9,6% pour ces derniers et 7,4% seulement pour ces dames entre 65 et 70 ans. Mais on peut également envoyer paître purement et simplement l'enquête, les chercheurs des deux côtés de la Manche, les facultés franco-britanniques, Big Ben et la Tour Eiffel.

 

Posons-leur quelques simples questions. Quel est l'âge des mandarins qui dirigent ces instituts ? Dans la foulée, demandons-leur s'ils considèrent que tous les dirigeants de la planète, l'intégralité des prix Nobel, la quasi-totalité des PDG des grandes entreprises et la majorité des grands écrivains, cinéastes ou autres grands artistes de l'histoire sont tous atteints de sénilité ?

 

Quant aux DRH curieux qui, malgré nos avertissements, n'auraient pas résisté à l'envie de consulter cette étude et qui envisageraient d'en tenir compte dans leurs recrutements, rappelons-leur cette autre vérité. L'homme et la femme n'utilisent que 10 à 15% des possibilités de leur cerveau, à la maison ou au bureau. Et certains d'entre eux utilisent ces possibilités mieux que d'autres. Avant ou après 45 ans.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr © 9 janvier 2012

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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