On l’a enterré cent fois et honni tout aussi souvent. Mais le CV semble avoir la cuirasse suffisamment tannée pour tout supporter et résister au fil des années. Il a d’abord tenu le choc, concurrencé par le recrutement par simulation et l’embauche au feeling anglo-saxon. Le voilà qui se permet encore de jouer les gros bras face à ceux qui devaient définitivement l’enterrer six pieds sous terre : les réseaux sociaux. Et pas n’importe lesquels. En l’occurrence, les quatre frères Dalton du 2.0 : LinkedIn, Viadeo, Facebook et Twitter.
Abandonner le bon vieux CV au profit des 140 signes de gazouillis ou des « like » ? Seuls 6% des recruteurs semblent s’y résoudre, selon l’enquête que vient de publier l’institut Ipsos intitulée « L’avenir du recrutement à l’ère du 2.0 et des réseaux sociaux» et dévoilée lors de la RMSConf du 25 octobre dernier. Une enquête qui paraît d’autant plus crédible qu’elle n’est pas au seul avantage des réseaux sociaux, alors que l’un de ses commanditaires est Viadeo lui-même. Ce culte du curriculum vitae si bien partagé amène la moitié des 390 DRH et spécialistes du recrutement interrogés, à parier sur la stabilité des autres medias sociaux, dont les jobboards qui les hébergent. A noter que 28% des sondés présagent même qu’ils vont prendre plus d’importance encore.
Evidemment, si le CV est loin d’être mort, il ne doit pas pour autant remiser ses colts. Car, toujours selon l’enquête Ipsos, 77% des interrogés estiment que les réseaux sociaux professionnels vont continuer de grossir. Et de prendre de l’importance. Bien sûr, ils ne sont, pour l’instant, que des outils de communication comme les autres. Des miroirs où les recruteurs lustrent l’image de leur marque employeur. Mais la montée en puissance de ces réseaux rendra inévitables de nouvelles joutes. Sauf si tout le monde enterre la hache de guerre et que chacun joue son rôle.
« Dans les banques de CV, j’extrais ; sur les réseaux sociaux, je raffine », selon la formule qui circule chez les recruteurs. Au CV concis et précis, le formalisme d’une carrière, des compétences et d’une formation. Au réseau, la liberté de dévoiler cette part indicible qui permet au recruteur de se faire une idée, de percevoir au travers des échanges avec un candidat sélectionné sur CV, une manière d’être et de faire.
Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 5 novembre 2012
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Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.