Secteur privé, secteur public : même pression

Sylvia Di Pasquale

C'est une forme de pantouflage à l'envers qui pourrait bien disparaître. Quitter sa boite (privée) pour s'en aller couler des jours heureux dans une administration (publique) risque de n'être plus qu'un souvenir. Car dorénavant, on va quitter sa boîte où l'on est (relativement) bien payé et pressurisé pour une administration où l'on est (relativement) mal payé et pressurisé aussi. Et la pantoufle, même à l'envers, de se transformer en soulier neuf qui fait mal aux pieds.

C'est en tout cas ce que vient de constater la Cegos en interrogeant 1300 salariés et 466 DRH du privé et du public. Après les questions d'usage sur le temps qu'il fait et la motivation au travail, on ne peut qu'être frappé par les réponses des uns et des autres concernant le réchauffement ou la glaciation du climat social depuis un an. Surtout en ce qui concerne les fonctionnaires. 58% d'entre eux trouvent qu'il s'est dégradé. Soit dix points de plus que chez leurs collègues du privé, que des études précédentes ont toujours érigé en râleurs croulant sous le poids du stress, de la pression et du surcroît de travail.

Voilà donc que les clichés tombent. La pression a gagné la fonction publique. Sans pour autant délaisser le privé. Mais en la côtoyant depuis toujours, ses cadres se sont insensibilisés. Alors que leurs collègues du public la découvrent, cette fameuse pression. Grâce à la RGPP. Les fameuses mesures de « Révision générale des politiques publiques » sont avant tout ressenties par les fonctionnaires comme une révision générale des effectifs publics. Pour 74% d'entre eux, les mesures qui visent à réduire le nombre d'agents, grâce au non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, ont « un impact sur la qualité de service rendu au public ». Comme elle a un impact sur leur vie au boulot.

Pas question d'exhumer le débat sur la nécessité de cette RGPP, mais de pointer l'une de ses possibles et inattendues conséquences : la désaffection des cadres du privé pour le secteur public. Jadis, le pantouflage pouvait attirer les cols blancs pour trois raisons : la sécurité de l'emploi, l'intérêt de l'emploi et la tranquillité de l'emploi. Ce dernier point ayant disparu, c'est un peu d'attraction que la fonction publique a peut-être perdu.

Sylvia Di Pasquale© Cadremploi.fr - 24 octobre 2011

 

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

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Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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