Lubie évaporable ou révolution durable ? En tout cas, le MOOC (voir notre dossier spécial) est le dernier insecte dont on cause. Et pour cause. Ce « Massive Open Online Courses » n’est pas un énième Auchan-Leclerc-Carrefour drive, mais la mise à disposition gratuite, et ouverte à tous, des cours des plus grandes universités et de ceux des plus grandes écoles. Berkeley ou le MIT chez soi, sans concours d’entrée, sans bourse délier, sans année sabbatique à négocier, ni chambre à Boston ou San Francisco à louer. Un bonheur d’étudiant cherchant à étudier sans contraintes mais aussi de cadre soucieux de continuer à se former. Plusieurs millions d’entre eux ont déjà succombé à travers toute la planète.
Evidemment, le MOOC reste, pour le moment, très nord-américain. Seules trois formations s’y sont mises en France (voir notre article sur Les MOOCs à suivre dans les prochains mois). Mais les grandes écoles de chez nous réfléchissent sérieusement à mettre à disposition leurs cours sur le Net. Sauf que, comme d’habitude lorsqu’un nouveau dispositif débarque sur la Toile, se pose la question du modèle économique possible. Les cours sont gratuits, mais le certificat ou diplôme obtenu en fin de cursus peut quant à lui être payant. Et il l’est déjà pour certaines formations américaines. Chacun cherche son MOOC et la martingale qui permettrait de le rendre rentable.
Mais ce nouveau procédé pose des questions qui vont bien au-delà de son modèle économique. Cette forme d’e-learning XXL peut remettre profondément en cause l’enseignement et ses méthodes depuis Charlemagne. Surtout si les résultats sont à la hauteur. Mais s’ils ne le sont pas, cette mise en ligne des savoirs délivrera tout de même un enseignement majeur. Car on en déduira que la bonne vieille école, avec son enseignant bien vivant, n’est pas morte. Peut-être, d’ailleurs, que les Stanford, Harvard et autres MIT qui se sont mis en ligne tentent justement une démonstration à l’envers, façon MOOC du coche. Ils montrent que, malgré un accès libre et total, l’apprentissage des savoirs n’est pas une simple mise à disposition des savoirs.
Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 22 avril 2013
Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr
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