Les nouvelles technologies dégomment-elles nos jobs ? Épisode 4307

Sylvia Di Pasquale

Tout le monde n’a pas traversé l’été en bronzant. Certains ont passé leur mois d’août à démolir nos certitudes. C’est moins fun que le beach-volley, mais un poil plus utile à la société. C’est ainsi que des économistes du cabinet Deloitte ont profité de la canicule pour publier une étude repérée par The Guardian expliquant que la technologie n’a pas détruit tant d’emplois que ça. Bien au contraire, elle en a même créé. De quoi renverser notre hamac à l’heure de la sieste et nos convictions avec.

C’est qu’on était resté agrippé au catastrophisme d’une autre enquête. Celle d’un autre cabinet, Roland Berger, qui nous disait l’exact contraire. En prétendant que les fameuses technos allaient supprimer 3 millions de postes d’ici 10 ans seulement. Rien que ça. Les robots, le digital et tout le tremblement vont piquer du boulot à l’homme dans un tas de domaines. Ce qui après tout, paraît plutôt plausible. Mais Deloitte ne l’entend pas de ce pixel. Pour la filiale anglaise du cabinet, il faut regarder dans le rétro pour mieux voir devant soi.

Ses limiers ont donc ausculté les statistiques des 140 ans qui viennent de s’écouler en Grande-Bretagne et au Pays de Galles pour nous livrer leurs conclusions. S’ils reconnaissent des destructions, et des disparitions de plusieurs fonctions, ils notent, qu’en parallèle, d’autres sont apparues, se sont développées et ont largement embauché. Notamment dans les services. Et pas que dans les « services à la personne », ainsi que l’on nomme pudiquement le personnel de ménage ou les nounous. Selon eux, les embauches dans l’éducation ont progressé de 580%, et dans le domaine de la santé le bond en avant est de 168%.

Reste bien sûr que la vérité est entre ces deux enquêtes. La première, celle de Roland Berger, se cantonnant aux seuls métiers existants aujourd’hui sans envisager l’éclosion de nouveaux jobs d’ici dix ans. Quant à la seconde, celle de Deloitte, elle englobe toute la révolution industrielle de la fin du XIXᵉ siècle pour en tirer des conclusions sur la nouvelle révolution en cours en ce début du XXIᵉ. Quoi qu’il en soit, ces technos et leurs effets tant débattus doivent être au cœur de toute carrière à venir ou en cours. Que l’on souhaite se former, chercher un emploi ou en changer, ignorer ces bouleversements seraient à peu près aussi malin que de passer à côté de l’électricité au début du XXᵉ siècle.

Syl_DiPasquale © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

Vous aimerez aussi :