Quand on sera grande, on sera toutes des Sheryl Sandberg

Sylvia Di Pasquale

Jeudi, c'est confettis. Comme chaque année, on va fêter, célébrer les femmes, leur promettre des monts d'égalité et des merveilles de parité. Mais ce 8 mars, comme tous les 8 mars, Sheryl Sandberg aura autre chose à faire. Elle va, comme chaque jour, attaquer à 5 heures du mat, assumer le management exécutif, la stratégie, le marketing, le commercial, le lobbying et les finances de sa boite de 3000 salariés. En ne reportant qu'à une seule personne : Mark Zuckerberg, puisqu'elle est numéro 2 de Facebook.

Sheryl, c’est la vieille de la boîte. Pensez, elle a  42 ans, alors que son boss en a 27, et que la moyenne d’âge des Facebookiens ne dépasse pas 26 printemps. Et puis, c’est une femme, avec un patron pas plus féministe que ça, et un conseil d’administration exclusivement masculin. Pourtant, la directrice des opérations du géant de Menlo Park ne se plaint pas, ne cloue pas la gente masculine au pilori et ne traite pas ces messieurs de gros machos qui font rien qu’empêcher ces dames de progresser. Le retard des femmes dans l’entreprise ? Pour Miss Sandberg, elles en sont les seules responsables, parce qu’elles sont bourrées de complexes et manquent de confiance en elles.

Mais pas elle. Pour le magazine Forbes, la vice boss du plus gros site internet du monde est aussi la 5ᵉ femme la plus puissante du monde. Elle a gagné, l’an passé, le salaire rondelet de 30 millions de dollars. Car avant son arrivée, les salariés de Facebook étaient, comme elle aime à le répéter, « surtout occupés à construire le site le plus cool possible ». Elle les a aidés à gagner de l’argent. Beaucoup d’argent et en a gagné aussi.

Pour autant, elle ne se la joue pas comme certains hommes, les winners qui n’ont ni doutes, ni place dans leur vie pour autre chose que leur travail. Car elle n’est pas toujours sûre d’avoir raison, en vient même à culpabiliser, à se reprocher de trop délaisser ses deux enfants. Avant d’enchaîner par une pirouette, de se rappeler qu’un homme est aussi apte qu’une femme pour les élever, avant de se souvenir que le fossé masculin-féminin est creusé par les femmes elles-mêmes. Avant d’expliquer que, pour une femme, le « choix de carrière le plus important, c’est le choix de son mari ». Un mari qui lui laisse le choix de sa propre carrière, en assurant autant qu’elle pour tout le reste.

Malgré ses actions, ses culpabilisations et ses déclarations, Sheryl prétend qu’elle n’est pas féministe. Mais son exemple fait avancer le féminisme. Autant que la Journée mondiale des femmes. Au moins.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 5 mars 2012

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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