À quoi bon s’embringuer dans un tunnel de stages, d’emplois en intérim ou de CDD en début de carrière ? Car ces mini contrats mènent de moins en moins à un CDI, selon l’Insee. Histoire de bien déprimer son monde, l’Institut a remonté le temps jusqu’en 1982 dans sa dernière étude Emploi et salaires qui vient de paraître.
- À l’époque, les petits contrats représentaient 5 % des embauches totales contre 13 % en 2011.
- En ce XXᵉ siècle, les salariés en CDI restaient 6 ans à leur poste. Au XXIᵉ, cette durée s’est allongée à 10 ans.
- Surtout, en 1982, la moitié des salariés en CDD, intérim ou stage basculaient vers un CDI l'année suivante. En 2011, ils ne sont plus qu’un sur cinq dans ce cas.
20 % seulement de ceux qui enquillent les jobs précaires avec l’espoir chevillé du contrat à durée indéterminée réussissent donc à atteindre l’oasis de la stabilité. Les autres ? Ils enchaînent d’autres stages, d’autres missions temporaires et d’autres contrats à durée déterminée. On a beau nous seriner que les CDI représentent toujours 87 % des emplois français, ils sont aux mains des expérimentés qui ne sont pas près de les lâcher. Les recrutements directs à durée indéterminée ne représentent plus que 5 % des embauches totales, toujours selon l’Insee.
Évidemment, la crise est passée par là. La simplification du code du travail demandée par tous les dirigeants d’entreprise sans exception est compréhensible. Et la peur d’embaucher est patente. Voire la difficulté à trouver les compétences ad hoc. Reste que cette précarisation galopante qui, selon les syndicats de salariés ferait le bonheur du patronat, n’est peut-être pas la panacée pour faire avancer une entreprise.
Comment motiver des jeunes sans la carotte du long terme ? Comment innover, développer des projets à moyen ou à plus long terme avec des salariés qui ne verront même pas l’aboutissement de leurs travaux ? Et comment concilier au sein d’une même entité des nantis du CDI et des délaissés du CDD. Avec l’espoir très amoindris pour ces derniers de rejoindre la cohorte des premiers ? Toutes ces considérations, les DRH les ont évidemment prises en compte. Et il n’est pas du tout sûr qu’ils soient d’ardents défenseurs de cette flexibilisation galopante.
Illustration © Charles Monnier
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.