Rendez-vous en terre inconnue avec stagiaires de 3e

Sylvia Di Pasquale

En décembre, on ouvre le calendrier de l’Avent, on s’agglutine dans les magasins, et on accueille le stagiaire de 3e. Comme les boules qui apparaissent sur le sapin de la cafète, comme les chocolats vendus par le CE qui surgissent des tiroirs, (c’est vrai qu’ils sont plus chers qu’ailleurs mais ils sont au cacao éthiquement correct), la période des fêtes est propice à la multiplication spontanée de curieux lutins dans toutes les entreprises de France. 

Des ados figés par la trouille ou indolents, des échalas qui ont la soif d’apprendre chevillée, ou la nonchalance affichée. Ils sont le rejeton de la copine du beau-frère, l’héritier de la cousine du conjoint, ou la voisine du dessus de la boulangère. Pendant cinq jours, ils vont et viennent, vaquent, regardent ou ne font rien. Parce qu’on ne leur explique rien, ou pas grand-chose. Parce qu’on n’a jamais le temps. Parce qu’on ne sait pas nous-même ce que l’on fait vraiment, ou du moins parce qu’on est incapable d’expliquer en langage de collégien ce que fait un supply-chain manager ou un chef de produit BtoB digital.  

Évidemment, un stage de découverte et d’observation en entreprise, c’est bien. Mais dans la très grande majorité des cas, ce n’est qu’un rendez-vous en terre inconnue. Un rendez-vous qui dans les bons cas se déroule au contact d'un métier dont l’ado a rêvé, quand ses parents disposent du réseau pour l’organiser. Et dans tous les autres cas, c’est un rendez-vous  avec le flou. Car le stage d’observation de 3e est rarement pris en charge. Ni par l’Éducation nationale qui fait semblant de s’en occuper mais laisse faire les parents. Ni par le secteur privé qui demande à ses cadres surbookés d'accueillir du collégien sans vraiment l'épauler. 

Pas grave, ce n’est qu’une petite semaine avant les vacances de Noël. Peu importe, les gamins auront d’autres occasions de se coltiner le monde du travail. Dommage que ce ne soit qu’une première occasion manquée, un premier regard raté. Et le premier regard, ne nous explique- t-on pas tout le temps qu’il est déterminant ? Si vous aussi vous accueillez des stagiaires de 3e ces-jours-ci, venez nous raconter vos exploits. Le forum ci-dessous vous est ouvert.

 

Sylvia Di Pasquale

 

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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