Pas un jour sans que l’on nous incite à ouvrir un compte. Collègues de bureau ou amis d’enfance, copains de promo ou voisins de palier, leur cri est unanime « Quoooiii ? T’es pas sur Facebook, Twitter, Linkedin, Viadeo ? » Passée la première phase de stupeur ahurie, ils vous expliquent que c’est indispensable pour trouver un boulot, que, ne pas en être, revient à rester scotché aux années 90. Autant mettre un costard ou tailleur à épaulettes et pantalon taille haute. Résultat : 81 % des chercheurs d’emploi sont présents sur les réseaux, selon une étude européenne réalisée par TNS Sofres pour Stepstone. Quant aux entreprises, près de 70 % d’entre elles likent et retweetent. Le voisin avait donc raison : il faut absolument en être, puisque c’est là que ça se passe.
Mais qu’est ce qu’il s’y passe ? En fait, selon l’enquête, seules 2 % des embauches en entreprise le sont par le biais de ces réseaux. Même la bonne vieille presse, celle en papier, qu’on lisait dans les années 90, s’avère plus efficace (9,7 %). Malgré ces nouveaux outils de sourcing, les anciens restent la panacée pour être embauché : 24,2 % des postes vacants sont pourvus grâce à des sources internes (promo maison, site de l’entreprise, réseaux internes, etc.) et 20,8 % via les sites emplois. Mais alors, à quoi bon poster, liker, et tweeter ? Surtout, pourquoi les entreprises se jettent-elles massivement sur les réseaux ?
Pour vérifier, se faire une idée, et dégotter ce que le candidat n’a pas voulu leur dire de vive voix. 73 % des boites inscrites l’avouent : elles se servent de ces sites pour « estimer le profil des candidats ». Traduction après l’ablation des échardes de la langue de bois : fliquer lesdits candidats. Une mauvaise manie encouragée par les 37% de chercheurs d’emploi qui déclarent ne pas se soucier de contrôler leur réputation en ligne.
Face à cette révélation emprunte de désillusion, deux attitudes sont possibles avant de partager la photo titrée « Vive les arrêts maladie » de Séverine-du-service-achats en plein shopping. Parier sur l’humour du recruteur, sachant que, selon l’enquête, la moitié des recruteurs avoue que la consultation des profils a influencé favorablement leur décision de recrutement. Ou jouer la prudence, puisque 25% des entreprises expliquent que les images et les commentaires « inappropriés » ont motivé le rejet de certaines candidatures.
Reste une troisième voie. Ni inconsciente, ni parano, elle consiste à jouer la grande comédie du Web social, partant du principe qu’un recruteur n’est jamais loin sur la Toile. D’ailleurs, cette posture sociale n’est-elle pas le meilleur entrainement qui soit pour affronter sa prochaine vie ? Celle qui débute juste après son embauche : la vie en entreprise.
@Syl_DiPasquale © Cadremploi.fr – 16 décembre 2013
Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.