Il est des jours comme ça où rien ne va. Où l’actu fait des détours par l’horreur et l’injustice. Sauf que ce mercredi, les faits très divers qui ont occupé les gazettes écrites, parlées ou télévisées, ont eu un impact très direct sur le monde de l’entreprise, surtout à l’étage des ressources humaines. Bien que les faits en question se situent à des degrés très différents dans l’échelle de l’admissible. C’est que ce 25 mars, la publication de la rémunération 2014 de Carlos Ghosn a précédé de quelques heures le crash de l’A320 de la Germanwings. Quel rapport entre les deux infos à part cette concordance des temps ? La première fait état des 7,2 millions d’euros de traitement du PDG de Renault et la seconde, des 150 personnes qui ont trouvé la mort dans les Alpes. A priori, rien ne saurait les confondre. Sauf que ces deux affaires peuvent avoir un puissant impact en interne, tant au sein de l’ex-Régie, qu’au sein de la Lufthansa, maison mère de la compagnie low-cost allemande.
Dans le premier cas, les jolis émoluments de Carlos Ghosn risquent bien, au-delà de la gêne qu’ils créent dans l’opinion publique, de poser quelques soucis au département RH du Losange. D’autant qu’aux 7,2 millions de ce package, s’ajouteront dans un mois ou deux, une rétribution encore supérieure qu’il devrait décrocher chez Nissan, dont il est aussi le PDG. Au-delà du bien-fondé de ce pactole, il se pose un véritable casse-tête pour le DRH de la maison. Car, à l’heure des évaluations annuelles, les ingénieurs en R&D du Technocentre, tout comme les opérateurs des chaînes de l’usine de Sandouville ne manqueront pas de demander des augmentations. Et refuser 3 % de hausse à tous les réclamants risque d’être particulièrement coton à l’heure où le boss s’en est offerte une de 169 % tout de même. Une situation qui intervient un an et demi après la signature d’un pacte de compétitivité qui entérinait, entre autres, un gel des salaires en 2013.
Cet embarras chez Renault, s’il risque d’être conséquent dans les prochains temps, n’est rien comparé aux déferlements de complications qui risquent d’assaillir les ressources humaines de la maison Lufthansa. Car les suites relationnelles, managériales et judiciaires devraient être à la hauteur de la tragédie : énormes. Et les RH seront en première ligne de cette chaîne des responsabilités qui a voulu qu’un copilote dépressif, en arrêt maladie, et souffrant d’un problème de vue puisse partager le manche d’un Airbus. Cette responsabilité, s’il est encore impossible d’en juger les conséquences judiciaires, risque en tout cas d’être entière lorsque les services de ressources humaines devront faire face à la défiance des personnels navigants au moment de l’embarquement. Une DRH qui faisait déjà face à un conflit social avec les pilotes de la compagnie depuis quelques mois.
@Syl_DiPasquale © Cadremploi
Dessin de Charles Monnier
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.