Sûr, le diplôme reste une valeur sûre

Sylvia Di Pasquale

C'est une vieille litanie. Une de ces rengaines qu'on se répète et qui s'installe dans un coin de l'occiput. Et à force, on finit par se persuader que c'est la vérité vraie, puisque tout le monde le dit : « Pas la peine de faire de longues études, puisque, avec ou sans diplômes, c'est le chômage qui attend les jeunes ». Et de nous resservir le reportage télé tout en fausse sobriété, le sujet radio ramollo et le papier de presse spécial détresse.

Tous nous montrent la caissière d'hypermarché doctorante, ou le serveur MacDo ingénieur. Des cas représentatifs de rien et dénonciateurs de tout, juste bons à rassurer tout ceux qui restent précaires après un échec scolaire. Sauf que ceux-là même qui assènent cette curieuse vérité (journalistes, hommes politiques, experts) ont rarement moins de bac+6 au compteur.

Alors, quand le Cereq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications) se penche sur la question, on se dit qu'on va enfin pouvoir séparer le bon grain de la fausse croyance. Et ça n'a pas loupé. L'organisme, qui a suivi 60 000 jeunes diplômés de l'enseignement supérieur pendant leurs trois premières années dans la vie active, vient de livrer ses conclusions.

Elles sont sans appel : plus on grimpe dans les hauteurs des études, plus on trouve du boulot, du vrai, du bon, du CDI. 65 % des étudiants interrogés sont dans ce cas. On y retrouve les titulaires de doctorats justement, mais aussi les diplômés d'écoles de commerce, ceux qui ont obtenu une licence pro (Bac + 3) et même quelques BTS concernant des métiers en pénurie.

Reste 35 % de galériens. Qui sont-ils ? On y trouve des diplômés du supérieur. Les ressortissants d'écoles d'art, de facs de lettres, de psycho ont effectivement - et logiquement - du mal à décrocher un job.

Les bons diplômes, du moins ceux qui sont en phase avec le marché de l'emploi déboucheraient donc sur des vrais postes, contrairement à ce qu'on nous rabâche ? On retrouve quand même 16% de diplômés de filières assez peu artistiques (écoles de commerce et d'ingénieurs) qui ont du mal, qui ont besoin d'un sas, d'une période de transition pour trouver un boulot. CQFD : cette minorité conforte donc nos spécialistes, ceux qui nous répètent que les études ne servent à rien. Ils en seraient la preuve vivante.

Pas du tout. Pour Stéphane Jugnot, chercheur au Cereq, ceux qui comptent sur ces jeunes diplômés pour étayer leur thèse se fourvoient et se fourrent le doigt dans l'œil pour mieux aveugler leur manque de discernement. Ces jeunes actifs « ont plus d'exigences. Issus de catégories sociales plus aisées, ils ont les moyens d'attendre. » Voilà tout.

Sylvia Di Pasquale © CAdremploi.fr - 25 octobre 2010

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Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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