Vrai manager wanted d'urgence

Sylvia Di Pasquale

C’est un curieux paradoxe. À une époque où les cadres encadrent de moins en moins et qu’ils sont souvent affublés de ce statut pour la commodité des horaires élastiques, voilà que des dirigeants de petites entreprises estiment manquer de managers dignes de ce nom. C’est Opinionway qui le révèle. 

L’institut a réalisé une étude* pour le cabinet de recrutement Eurosearch & Associés. Et en interrogeant 324 dirigeants de PME et d’ETI (ces entreprises de tailles intermédiaires dont l’effectif peut varier entre 250 et 5 000 personnes), les sondeurs ont perçu une drôle de revendication. 25% des entreprises réalisant plus de 100 millions de chiffre d’affaires  envisagent de recruter des managers dans les 6 prochains mois.

Mais le plus stupéfiant n’est pas là. Après tout, que les patrons de ces boîtes petites, moyennes et moyennement grandes, se rendent compte que mener leurs troupes et leur entreprise à bon port avec des managers insuffisamment formés ou carrément inexistants relève du doux rêve, est plutôt sage.

Le problème, c’est qu’une partie d’entre eux semblent découvrir la lune. Qu’ils tombent des nues après des mois, voire des années passées au pays de Oui-Oui, cette contrée où les salariés se gèrent tout seul, où les hiérarchies sont court-circuitées, où tout le monde est soi-disant totalement autonomisé.

Qu’est ce qui nous permet d’ainsi les mésestimer ? L’un des dispositifs utilisé pour, enfin, remédier à ce manque de management : 21% des dirigeants qui souhaitent recruter à nouveau des encadrants veulent en passer par des « managers de transition ». Autrement dit, en langage politiquement incorrect,  par des cadres en intérim. Pour autant, ce n’est pas le côté jetable de ces cols blancs en travail temporaire qui semble attirer ces boss. Mais plutôt le fait qu’ils soient immédiatement opérationnels.

Pour 1 dirigeant sur 5 donc, l’urgence est telle qu’ils n’ont ni le temps de sourcer correctement leurs candidats et surtout pas le temps de les former. Autant dire que ces entrepreneurs tombent des nues. Gouverner c’est prévoir. La phrase est d’un homme politique, pas d’un chef d’entreprise.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 3 mars 2014

Dessin par Charles Monnier © Cadremploi.fr

*Etude « Perception des ressources de management dans les PME-ETI », OpinionWay pour Eurosearch & associés. Étude quantitative réalisée par téléphone entre le 6 et le 17 janvier 2014 auprès d’un échantillon de 324 dirigeants d’entreprises (PDG, DG, DAF, …) dont le chiffre d’affaires est compris entre 15 et 500 millions d’euros. La représentativité de l’échantillon a été assurée par un redressement en termes de secteurs d’activité et de chiffre d’affaires.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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