Comment faire tourner la tête aux chasseurs de têtes

Benjamin Fabre

Qu’on le veuille ou non, les chasseurs de têtes sont les passeurs incontournables du mercato des cadres. Comment les mettre au service de votre plan de carrière ? La réponse de Benjamin Fabre, auteur de la chronique # FYI (for your information).
Comment faire tourner la tête aux chasseurs de têtes

Description de la situation          

Ils sont le nœud du système. Situés à l’intersection des postes vacants et des envies d’ailleurs, ils orchestrent l’offre et la demande avec une simple phrase (« Êtes-vous à l’écoute du marché ? »). En prélevant, au passage, leurs petits bouts de salaire brut. Les cabinets de recrutement sont partout. Généralistes, free-lance, spécialisés dans le marketing du slip… Il en existerait même pour les stagiaires.

Pour eux, de deux choses l’une. Soit vous êtes du gibier, auquel cas vous répondez à leurs coups de fil d’une voix indolente, mais assez forte, tout de même, pour indiquer à vos voisins de bureau que vous êtes un objet de désir. Soit vous n’êtes rien du tout, et il va falloir émoustiller leurs radars.

 

Les clés pour s’en sortir

Dans ce cas, ne vous laissez pas impressionner. Avec leurs voix speedées et leurs costumes parfaits, on pourrait croire que les chasseurs de têtes sont des spécimens hautains et inaccessibles. Pas du tout. Ce sont des êtres humains, figurez-vous, avec des failles et tout le reste. Beaucoup cachent, derrière des yeux bleus renversants, les névroses les plus attendrissantes (nettoyer leurs smartphones avec des lingettes, etc.). N’attendez pas qu’ils vous débusquent sur Internet : contactez-les « dans le dur » et proposez-leur un tête-à-tête aux petits oignons.

Allez-y avec des biscuits. C’est-à-dire, de bons CV (en plus du vôtre) et surtout deux / trois contacts RH susceptibles de leur apporter du business. Ils vont se montrer beaucoup plus aimables. Leurs chefs les fouettent du matin au soir pour qu’ils décrochent des mandats de recrutement ; si vous les y aidez, ils vont vous ouvrir leur cœur. Faites-les parler de leur parcours. De leurs vacances au Costa Rica. De leur passion pour le kitesurf. Le jour où ils auront un poste à pourvoir dans votre domaine, vous serez en haut de la liste.

Il faudra alors passer un deuxième entretien. Un vrai. Ce jour-là, continuez de faire plaisir au chasseur. En acceptant, d’abord, ces horaires creux refusés par tous les candidats (dix heures, quinze heures…). Mais surtout, en égayant l’exercice. Le pauvre gusse n’en peut plus de ces entretiens à la chaîne. De ces pensums où les cadres, de manière inexplicable, choisissent de se vendre en montrant la partie la plus emmerdante d’eux-mêmes. Racontez-lui une histoire saisissante. Avec des mots chauds, qui sentent la vraie vie et la musique cubaine. Proscrivez les acronymes et les termes génériques assommants de votre secteur d’activité. Parlez-lui simple. Donnez-lui l’impression, pour la première fois de sa vie, qu’il comprend le job pour lequel il fait la marieuse de janvier à décembre. Et faites-lui gagner du temps. Vingt minutes, c’est plus qu’il n’en faut pour vous retrouver couché sur sa shortlist.

Ensuite, veillez à le tenir étroitement informé du processus. Sitôt les entretiens terminés, débriefez-le sur le ton de la confidence. Il appréciera d’avoir un temps d’avance sur son client (qui n’est pas vous). Et surtout, concluez. Faites honneur à la confiance qu’il a mise en vous. Après tous ces louvoiements romantiques, ce serait fâcheux de ne pas croquer la botte. Négociez ferme. Puis, votre contrat signé, gardez le contact. Continuez de lui envoyer des signaux. Le mercato n’est jamais terminé…

 

Et vous, quels sont vos conseils pour chasser les chasseurs ? Témoignez sur la page Facebook de Benjamin Fabre

 

Benjamin Fabre
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