Comment votre boss peut-il savoir que vous cherchez un travail ailleurs ?

Céline Chaudeau

Même si se mettre en veille n’a rien d’illégal, on n’a pas forcément envie d’ébruiter ses démarches quand on est en poste. Mais son employeur n’est pas obligé de l’apprendre si on prend quelques précautions.

Si je contacte un cabinet de recrutement : NON

Voilà une première crainte courante mais généralement infondée. « Beaucoup de cabinets pratiquent des contrôles de références rigoureux à la demande de leurs clients », concède Jean-Paul Vermès, coauteur du livre "Le CV, la lettre, l'e-mail et l'entretien". Mais pas de panique : ce chasseur de têtes, président du cabinet VMS France, rappelle aussi que la loi leur interdit d’appeler d’anciens employeurs - et a fortiori son boss actuel - sans l’autorisation du candidat. « Depuis les lois Aubry de 1991, tout ce qui touche au contrôle des références est très encadré. Un cabinet doit avoir l'autorisation du candidat et ne peut rien faire dans son dos. » Ce recruteur rappelle que les chasseurs de têtes n’ont pas intérêt à plaisanter avec la loi car leur réputation est en jeu. « Il n’est pas rare de rencontrer des candidats encore en poste et on leur garantit justement la plus grande confidentialité. »

 

Si je paramètre mal mes réseaux sociaux pro : OUI

Mais le souci vient plus souvent du candidat lui-même. « Le conseil de base est d'éviter les formules "en recherche active" ou "en quête de nouveaux défis" sur les réseaux sociaux professionnels », observe Joëlle Walraevens-de Luzy, auteure de l’ouvrage "LinkedIn, le guide pratique". Mais cette formatrice relève aussi des erreurs de paramétrage plus courantes. « Pensez à désactiver les notifications de changement de profil et surtout d’activité qui défilent sur les pages des membres de votre réseau. Même si on n’est pas en relation directe avec son boss, on a généralement des collègues dans ses contacts. Or, rien de tel que l’ajout de nouvelles compétences, la soudaine participation à des groupes de discussion ou des mises en relation avec des cabinets pour éveiller les soupçons et lancer la rumeur. »

 

Si je créé un CV discret sur les jobboards : NON

« Plus on travaille dans une structure importante, plus le risque d’être repéré est grand », observe Isabelle Wackenheim, auteure du "Guide du CV et de la lettre de motivation". Cette consultante en ressources humaines qui a longtemps travaillé pour de grands groupes sait de quoi elle parle. « Il peut ainsi arriver qu’un responsable RH tombe sur le CV d’un de ses collaborateurs sur les jobboards. » Même si la démarche n’a rien d’illégal, les intéressés peuvent se montrer plus discrets. « Il suffit de créer un profil avec l’initiale de son nom de famille sans préciser le nom de son employeur. On peut juste écrire "groupe informatique de conseil" par exemple. Les chasseurs de tête comprendront et vous contacteront quand même. » Sur Cadremploi, il est possible d’activer le mode anonyme en se créant un compte. Reste aux candidats à ne pas joindre un CV avec son nom complet.

 

Si je prospecte avec l’ordinateur du bureau : OUI et NON

Il faut donc préparer son offensive discrètement. Mais faut-il, pour autant, se méfier de son ordinateur professionnel et consulter ses jobboards préférés de chez soi ? « Si un salarié passe plusieurs heures par jour sur des sites sans rapport avec son activité professionnelle, un employeur peut avoir des soupçons, explique Bruno Cracco, consultant en informatique et innovation chez Bengs. Il peut ainsi légalement collecter des statistiques générales des sites consultés via un proxy, c'est-à-dire le serveur mis en place pour assurer la bonne marche du réseau Internet. » Précision importante cependant : un employeur ne peut relever l’historique d’un salarié en particulier sans l’avoir prévenu. « En fait, la direction aura alors accès à un historique global de sites consultés sans pouvoir les attribuer à un ordinateur en particulier. » La méfiance sera donc surtout de mise dans les plus petites structures avec un nombre de collaborateurs réduit…

 

Et si je ne cloisonne pas ma vie professionnelle : OUI

Mais dans l’ensemble, nos experts recommandent de cloisonner le plus possible sa recherche de son activité professionnelle en cours. « Quand on veut trouver un autre poste en restant discret, mieux vaut ne rien dire à ses plus proches collègues, conseille Isabelle Wackenheim. De même, il est préférable d’utiliser une adresse email personnelle et de ne pas répondre à des appels de recruteurs sur son lieu de travail. » En effet, rien de tel que des chuchotements gênés en open space pour éveiller les soupçons. « Il faut essayer de se contrôler et de rappeler deux, voire quatre heures plus tard quand on n’est plus au bureau. Un recruteur le comprendra toujours. Ce sera même vu comme un signe de professionnalisme… »

 

 

 

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

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