Dans les pas d'un chasseur de têtes

Tiphaine Réto

Ce sont un peu les agents secrets du recrutement, à l'affût des profils hors du commun. Les chasseurs de têtes vous appelleront peut-être cette année. Autant vous y préparer en découvrant leurs méthodes. Claire Romanet, fondatrice du cabinet Elaee, vous emmène dans les coulisses.

Le ciblage : où trouver le candidat idéal ?

« Quand on fait appel à un professionnel du recrutement direct, ce n'est pas forcément parce qu'on recherche un dirigeant de société, explique Claire Romanet, fondatrice d'Elaee. C'est souvent parce qu'on a besoin d'un profil spécifique sur un poste avec des compétences particulières. Ce ne sont même pas toujours des cadres. » Le chasseur de tête démarre sa quête du parfait par un travail de veille pour trouver les entreprises ou les structures dans lesquelles pourraient se trouver les talents cachés à recruter. « C'est assez rapide puisque nous travaillons sur un vivier remis à jour très régulièrement. Etant donné que nous faisons aussi de l'annonce d'offres d'emploi, des candidatures nous arrivent tous les jours. »

Un travail en amont qui se fait aussi au jour le jour : « Pour Elaee, le contexte est un peu particulier. Nous sommes spécialisés sur un domaine, celui des métiers de la communication. Aussi, nous avons un réseau professionnel très dense. » Cadres en poste, anciens candidats ou anciens clients, bureaux des élèves ou organismes de formation... Tous les moyens sont bons pour élargir ses horizons. « Quoi qu'il arrive, il faut être connecté avec le marché du client. C'est nécessaire pour évaluer un potentiel et être force de proposition. »

L'identification : tous les moyens sont bons pour obtenir un nom

« C'est là qu'intervient la partie agent secret, sourit Claire Romanet. Une fois repérées les entreprises susceptibles d'abriter des profils intéressants, on doit monter un scénario pour entrer en contacts de manière discrète. » Obtenir un nom, une hiérarchie, un numéro de téléphone... Pour cela le chasseur de tête est prêt à tout. Et ne lâche rien. « Il est hors de question que je révèle ce genre de secret, précise la professionnelle. C'est le va-tout pour la réussite. »

Mais il en va de la chasse comme de tout autre métier : les techniques ont évolué et se veulent parfois un brin moins mystérieuses qu'il n'y paraît : « Avant on achetait à prix d'or un annuaire d'anciens élèves de telle ou telle école. Aujourd'hui, on passe par internet. » Les réseaux sociaux, les blogs professionnels... tout est bon pour récupérer une info. « Mais ce ne sont que des sources parmi d'autres. Car un bon chasseur de tête doit avant tout être créatif pour appuyer sur tous les leviers. » Et niveau levier, là encore, le réseau se révèle être l'un des meilleurs. « A Eleaa, je mets un point d'honneur à ce que chaque candidat reçoive une réponse personnalisée. Résultats : ils nous suivent et nous aident quand on leur demande un service. »

La prise de contacts : une minute pour convaincre

C'est la phase éclair. « On dérange sur leur portable des gens qui sont en train de travailler. On doit donc faire assez vite pour leur expliquer le pourquoi de ce coup de téléphone. » Un appel souvent bien perçu par leurs destinataires. « Les chasseurs de tête ont parfois une image négative, concède Claire Romanet. Pourtant notre métier n'est pas de « débaucher », comme on l'entend souvent, mais de mettre en adéquation des compétences avec un poste. Et ça, je pense que beaucoup de candidats le savent. »

 

Tiphaine Réto
Tiphaine Réto

Vous aimerez aussi :