FYI : "Je ne me vois nulle part dans 10 ans, il faut interdire cette question"

L'équipe de Cadremploi

Les recruteurs adorent poser des questions stupides. Alors, que faire quand ils vous demandent de prédire l’avenir ? La réponse de Benjamin Fabre, auteur de la chronique # FYI (for your information).

 

 

Description de la situation :

Le recruteur s'adressant à vous : 

- Pour conclure, j’ai une dernière question à vous poser : où vous voyez-vous dans dix ans ?

Vous pensiez que l’entretien était fini. Que la partie était gagnée. Hélas… Juste avant la poignée de mains conclusive, le recruteur a fermé son stylo. Il a croisé les bras. Et il a sorti de son carquois cette maudite question toute faite dont l’interdiction, pour le bien de tout un peuple, aurait dû être inscrite dans la loi Macron.

- Eh bien, répondez-vous… Dans dix ans, je serai Central Risk Manager pour la région EMEA. Mon poste sera basé à Villeneuve d’Ascq. Il comportera 75 % de compliance management et 25 % de gestion de la conformité (ce qui n’a rien à voir). Je serai ceinture rose de six-sigma. J’aurai douze collaborateurs sous ma responsabilité, dont deux animaux. L’exposition universelle aura lieu à Paris. La première source d’énergie sera le solaire. Les Daft Punk feront de la musique avec leurs dents. Et vous, vous aurez passé 1 267 heures à poser cette question à laquelle vous serez, comme toujours, incapable de répondre.

Avouez que cette répartie aurait du chien. Malheureusement, il y a une vraie probabilité pour qu’elle instille, dans l’esprit de votre recruteur, un doute comme quoi vous le prendriez éventuellement pour un abruti. Et comme le but recherché, je me tue à le dire dans ces chroniques, est exactement l’inverse, il va falloir en trouver une autre.

Les clés pour s’en sortir

Pour répondre avec brio à la question des « dix ans », vous devez commencer par vous mettre dans la tête de celui qui la pose. Ou plutôt dans son cœur… Un cœur bien plus tendre et romantique qu’il n’y paraît. Car sous ses airs d’inquisiteur nourri à la courgette, le recruteur est en réalité un doux rêveur qui n’espère, au fond de lui, rien d’autre qu’une jolie rencontre et la promesse d’un amour durable. En fait, lorsqu’il vous demande «  » vous serez dans dix dans, il veut savoir 1) Si vous êtes capable de le faire rêver ; et 2) Si vous préférez les relations longues ou les coups d’un soir. Exactement comme dans un rencard...

Maintenant que vous avez compris cela, faites-moi le plaisir de bannir pour toujours les trois réponses suivantes :

1. « Euh… Je n’en sais rien… Je ne suis pas devin, moi… » Eh bien bravo. Merci pour ce moment de rêve et de magie.

2. « Idéalement, dans dix ans j’aimerais avoir ma propre boîte pour être autonome, pour pouvoir me réaliser » et GNA GNA GNA. Cette chanson est parfaite pour faire le malin dans les dîners. Mais elle vous fera détester des recruteurs qui, eux, n’ont aucune envie d’ouvrir des compteurs RTT et de payer des formations hors de prix à des gens en sachant d’avance qu’ils vont se faire la malle et garder pour eux tout le retour sur investissement. Un peu comme si on vous demandait en mariage et qu’à la question « Veux-tu passer le restant de tes jours avec moi ? », vous répondiez « Idéalement, juste une partie » en pensant que cela ravira votre interlocuteur.

3. « Dans dix ans, je serai… à votre place. Hé hé hé… » Ha ha ha. Très drôle. S’il vous plaît, oubliez cette légende urbaine selon laquelle cette réplique ferait mouche à tous les coups. PERSONNE n’a jamais décroché un job avec une telle sottise. Pour vous en convaincre, demandez à quelqu’un de vous la dire. A l’amant de votre conjoint, tiens. Vous allez vite comprendre…

En fin de compte, le message à passer est extrêmement simple. Dans dix ans, vous serez :

- Toujours dans l’entreprise pour laquelle vous candidatez (qui est la bonne, celle que vous attendiez, votre Graal, votre port d’arrivée, etc.). 

- Dans une fonction plus ou moins connexe à celle que vous convoitez (écart accepté : + / - 5 % MAX, personne ne veut entendre parler de vos éventuelles idées de reconversion, de destin à réaliser, etc.)

- Manager. TOUT LE MONDE doit aimer manager. C’est obligatoire. Même si vous détestez le pouvoir, le contact humain et les odeurs corporelles qui vont avec.

- Toujours marqué par cet entretien qui a changé votre vie...

Vous voyez. Ce n’est pas si compliqué, de prédire le futur.

Et vous, comment répondez-vous à la question des dix ans ? Témoignez en commentaire de cet article et sur la page Facebook de Benjamin Fabre

 

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